« La Diaspora à « l’as-saut » de l’Assemblée Nationale

20 - Mars - 2022

Les prochaines élections législatives sont prévues au mois juillet prochain. Pour la deuxième fois de l’histoire politique du Sénégal, la Diaspora, dans son ensemble, aura droit à 15 représentants à l’Assemblée Nationale, la deuxième Institution du pays. Il faut rappeler que cette décision a été prise suite au vote du referendum constitutionnel du 20 mars 2016 proposé au peuple sénégalais. Un referendum à 15 points qui a vu la victoire sans équivoque du camp du OUI et comme par hasard la Diaspora aura droit elle aussi à 15 députés. 15 points! 15 députés! Démocratie oblige, l’heure n’est plus à débattre sur la pertinence, l’opportunité ou de l’utilité des députés dédiés à la Diaspora. 

Démocratie oblige, l’heure n’est plus à débattre sur la pertinence, l’opportunité ou de l’utilité des députés dédiés à la Diaspora. L’heure n’est plus à spéculer sur combien ces 15 députés vont couter au contribuable sénégalais en terme de salaires, d’indemnités, de billets d’avion entre autres avantages ou privilèges inhérents a la fonction de député. Depuis Le referendum est passé par là, la constitution retouchée et réaménagée. L’ organisation administrative et pratique de la loi et la mise en œuvre de certaines dispositions ont débouché sur la création des quinze nouveaux sièges entraînant celle de huit nouveaux départements électoraux à l’étranger. Depuis le vin est tiré, nos 15 représentants de cette législature en ont fait leur boisson pendant 5 ans. Au mois de juillet prochain commencera la prochaine récolte de vigne ou de bissap. Nous sommes à l’ heure de la révision des listes électorale et à l’inscription sur les listes électorales pour pouvoir, au moment des élections, voter, en âme et conscience, pour la liste ou pour le candidat de son choix. Les élections sont politiques, le vote un droit et un devoir. Les Sénégalais de l’Extérieur sont interpellés. C’est de la responsabilité de tout un chacun de s’inscrire et de faire son choix au moment du vote. La Diaspora n’a jamais été aussi intéressée et aussi impliquée à une élection de cette manière… C’est pourquoi l’état-major des partis politiques sont entrain de peaufiner leurs stratégies. Les candidats indépendants de la Diaspora ne sont pas en reste et rivalisent d’ardeur, chacun selon son approche. Il faut remarquer que bon nombre potentiels candidats ne se sont pas encore déclarés. Le jeu est plus ou moins caché. C’est le temps des manœuvres....

La complexité du choix de nos représentants

Le débat bat son plein et des questions et interrogations sont soulevées par rapport aux personnes qui, éventuellement, pourraient siéger à l’Assemblée Nationale au nom des Sénégalais qui vivent à l' Extérieur. Les 15 de la Diaspora seront ils issus des partis politiques et principalement de ceux de la majorité présidentielle et/ou de cette opposition qui a le vent en poupe après les bons résultats engrangés lors des dernières locales où seront ils de la société civile, des associations ou réseaux sociaux ? Aura t- on des intellectuels haut de gamme, des leaders de la communauté ou de simples modou modou ? Des voix s' élèvent déjà pour parler de profils, d' autres de personnes crédibles, d’hommes et femmes intègres ou des défenseurs infatigables des causes de la Diaspora ? Tout cela montre très clairement combien le choix sera difficile et compliqué et qu' à la fin le représentant idéal de la Diaspora serait un superman, diplômé ou non, intelligent, crédible, désintéressé. Ce Superman devrait aussi connaître la problématique de la Diaspora et « des Diaspora » car les Sénégalais des circonspections de l’Afrique pourraient bien avoir d’autres priorités que leurs compatriotes de l’Europe par exemple. Ce Superman devrait parler deux langues étrangères au moins en plus d’une ou deux locales. A défaut d’être un indépendant, ce superman devrait avoir un boulot qui lui permettrait de se libérer à chaque fois qu’il y’aura une session parlementaire au risque de s’abonner sur la liste des absents permanents.

La Diaspora comme vecteur de la rupture

En dépit de la difficulté dans le choix de sa représentation et de la complexité du rôle que cette dernière devrait jouer à l’Assemblée Nationale, la Diaspora doit prendre sa responsabilité et saisir cette opportunité pour livrer du bon, rien que du bon. Pour ce faire les Sénégalais de l’extérieur, de quelque bord qu’ils se trouvent, se doivent d’accompagner les futurs représentants. Un accompagnement sur le plan de la réflexion, un accompagnement sur le plan de la stratégie pour un déroulement valable la feuille de route produite par la Diaspora et pour la Diaspora. Il est, par conséquent, nécessaire et vital que nos 15 représentants se retrouvent autour d’un programme consensuel minimum composé par 5 urgentes priorités majeures communes à la Diaspora. Cinq priorités majeures en 5 ans de mandat nous semble un objectif réel et réalisable si nos représentants se fassent violence en s’élevant au-dessus des partis politiques pour ne voir que les intérêts de la Diaspora. La Diaspora avant le parti! Un bon déroulement de la feuille de route suppose une approche pointilleuse dans la réflexion, une démarche innovatrice dans l’exécution des taches et une excellente planification des projets en plus d’une communication quasi permanente et un compte-rendu régulier à l’endroit des compatriotes. Un excellent monitoring aiderait à avoir des résultats escomptés au bénéfice de la Diaspora. En plus d’un travail basé sur une bonne organisation et une excellente méthode, les 15 députés devraient, auparavant, poser des actes symboliques qui pourraient insuffler un début de rupture véritable à l’Assemblée. Cette touche patriotique de la Diaspora devrait se traduire par le renoncement à certains avantages et privilèges dont ils auraient droit. Ils n’auront pas certainement besoin de moyens financiers pour nourrir une démocratie des ventres. L’argument de l’entretien d’une clientèle politique souvent utilisée par nos députés n’est pas valable pour eux. La Diaspora n’a pas de ventre ! Le coût salarial élevé que constitue la prise en charge de nos députés reste un argument valable pour les partisans du NON au referendum.Il serait, par conséquent, intéressant que nos 15 députés -superman renoncent, par exemple, aux voitures de fonction et demandent qu’on verse cet argent dans un fonds de solidarité à destinations multiples et diverses pour la Diaspora. Ce fonds pourrait être utilisé pour le rapatriement des compatriotes décédés à l’Etranger ou à accompagner nos compatriotes se trouvant dans des difficultés par exemple. Les 15 députés pourraient également participer de leurs poches aux frais des billets d’avion et/ ou frais hôtels auxquels l’Institution Parlementaire ferait face lors des sessions parlementaires. Ces sacrifices qui auront fonction de symbole seront un signal fort à l’endroit de la Diaspora et du peuple sénégalais. Une véritable rupture serait ainsi amorcée. Ces actes participeraient, à coup sûr, à rendre les Sénégalais moins sceptiques et moins réticents par rapport à la pertinence et l’opportunité des députés de la Diaspora. Mieux, ces actes posés rétabliraient progressivement le pont de la confiance entre les autorités politiques et les sénégalais de l’extérieur. Cette confiance rétablie, combinée à un environnement sain des affaires boosteraient certainement les investissements productifs pour une création d’emplois et de richesse.

Feuille de route

Les problèmes auxquels la Diaspora est confrontée sont connus. Les solutions ou débuts de solutions sont confinés dans des dossiers qui dorment dans les tiroirs des consulats et du Ministère des Affaires Etrangères. Il faut juste les retirer des tiroirs, les dépoussiérer éventuellement et s’y pencher réellement mais nous serons déjà très satisfaits si les points ci-dessous sont pris véritablement à bras-le-corps. 1- Diligence dans l’établissent des papiers administratifs : passeports, sauf-conduits, carte d’identité nationale, extraits de naissances, certificats de mariage, certificats de décès ….. 2- Capter et Sécuriser les investissements. 3- Signature des conventions bilatérales sur la sécurité sociale. 4- Renforcer les mesures de sécurité et de protection des compatriotes. 5- Promouvoir le Sénégal pour en faire une destination attractive pour les touristes et pour les investisseurs étrangers. Cette liste n’est pas exhaustive et pourrait être adaptée selon la zone ( Afrique, Europe, Amérique, Asie ou Océanie). En tous les cas la Diaspora a une bonne occasion de montrer qu’une autre façon de faire de la politique autrement est possible. La Diaspora doit démontrer que le patriotisme ne se limite pas seulement à des coups de gueule et des coups de cœurs qui raisonnent à travers les réseaux sociaux. A l’instar de la Diaspora juive ou italienne, la Diaspora sénégalaise, si elle est organisée, peut se donner les moyens de porter le développement du Sénégal ou d’y contribuer d’une manière encore plus significative. »

Ady DIOP (Amsterdam)

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