Entretien exclusif avec Fatoumata Thiaw consultante en Change Management, Gouvernance, Risques et Conformité : “La diaspora africaine a une contribution notoire sur le développement de l’Afrique, environ 65 milliards de dollars envoyé chaque année”

30 - Octobre - 2022

Fatoumata Thiaw est consultante en Change Management, Gouvernance, Risques et Conformité. Elle est aussi éditrice de la revue Afrik Finance Review. Elle a accepté de nous accorder cet entretien.

Pouvez-vous dire à nos lecteurs qui est Fatoumata Thiaw ?
Je suis sénégalaise âgée de 29ans, je suis née et j’ai grandi à Dakar où j’ai effectué mon cursus scolaire jusqu’à la licence. J’ai eu mon Baccalauréat en Gestion et Comptabilité à l’Institut Technique de Commerce (ITECOM-Dakar), ensuite j’ai effectué ma licence en Techniques Comptables et Financières au Centre Africain d’Etudes Supérieures en Gestion (CESAG-Dakar). Après la licence, j’ai rejoint ma mère en Italie pour poursuivre mes études où j’ai effectué un Master 1 of Science en Finance parcours anglais à l’Université de Sienne en Italie. Par la suite j’ai fait un échange en France à travers le programme Erasmus qui m’a permis d’obtenir mon premier master 2 en finance parcours études et recherches avancées au sein de l’Institut de Gestion de Rennes (IGR-IAE). Dans une perspective d’intégrer rapidement le monde professionnel et renforcer mes acquis en gestion des risques j’ai opté pour un deuxième Master 2 (en alternance) en Finance parcours Audit, gestion de risques et d’actifs.
J’ai débuté ma carrière en tant qu'assistante chef de projets sécurité financière. J’étais chargée du pilotage des processus sécurité financière et aussi participé au projet de mise en place d’un outil permettant de détecter les alertes éthiques relative à la lutte anti-corruption.
J’ai également travaillé en tant que contrôleuse Middle Office Lutte Anti-blanchiment des capitaux et financement du terrorisme pour le périmètre France Outre-Mer.
En tant que consultante je suis intervenue sur différents projets tels que la gouvernance IT, les risques, la sécurité financière dans le secteur bancaire mais aussi au sein du Barreau de Paris.
Je suis certifiée BLACK BELT Lean Management, j’ai obtenu la certification autorité des marchés financiers (AMF) et le BMC (Bloomberg Markets Concept)
Je dirais que Fatoumata est une jeune fille qui a eu la chance de grandir au sein d’une famille qui lui a inculqué des valeurs telles que le sens du sacrifice, le partage ainsi que la persévérance. Elle s’est toujours battue pour réaliser ses rêves, elle compte relayer ses idées, exprimer sa pensée et se mettre au service d’un monde plus juste et équitable.

Pourquoi avez-vous choisi d’éditer une revue économique ?
Grâce à ma formation en finance et mon expérience dans le secteur financier international, j’ai eu une vision plus claire et concrète du retard que subit l’Afrique dans certains domaines liés à l’économie et la finance, d’où l’idée de cette revue. Je crois fortement à la valeur du partage qui est de redonner, transmettre ce qu’on a appris, c’est également vouloir grandir en faisant grandir les autres. De ce fait, en partageant mes connaissances et mes expériences à travers cette revue, je participe au développement inclusif de l’Afrique. Aujourd’hui le secteur de l’économie et de la finance en Afrique connait une évolution sans précédente (exemple des Fintech, la digitalisation). Toutefois il reste beaucoup de chemin à faire, et cette revue est une parmi les nombreuses voies pour transmettre les informations au public mais surtout aux acteurs de ce domaine.

Quels sont les thèmes que vous traitez en priorité. Quand on sait l’économie est très vaste ?
Effectivement l’économie reste un domaine très vaste, cependant au regard des nouveaux défis auxquels les économies africaines sont confrontées, l’objectif de la revue est l’étude et l’analyse transversales de toute thématique susceptible d’apporter un éclairage et une contribution pertinente sur les sujets d’ordres politiques, sociales, économiques et financières. Parmi ces nombreux sujets, je peux citer aujourd’hui les thèmes d’actualité mondiale tels que la digitalisation, notamment les crypto-monnaies, Fintech, Big data, en lien avec l’inclusion financière ; s’ajoute aussi la conformité, la règlementation dont sont confrontés les acteurs de la finance, le financement des économies. D’une autre part il y’a les chocs exogènes tels que la pandémie de la Covid-19, l’instabilité des cours de matières premières et la crise énergétique, le changement et risques climatiques, leurs impacts économiques et financiers pour les pays.

Quelle sera la périodicité de la revue ?
Nous avons choisi une fréquence trimestrielle dans un premier temps.

Comment comptez-vous y prendre pour que vos publications atteignent le plus de monde possible ?
Aujourd’hui les réseaux sociaux constituent un canal essentiel et incontournable de communication, dans le monde du business, de la finance, de la presse etc. pour développer son marché. Ainsi nous misons beaucoup sur ces derniers à travers nos réseaux. Également la presse écrite et télévisée afin de mieux promouvoir la revue, autant à travers les évènements d’affaires, conférences, forum. Je dirai qu’il y’a plusieurs moyens à disposition pour atteindre le plus de monde possible.

En tant que Sénégalaise de la diaspora et spécialiste de la question de surcroit, quel peut être l’apport de la diaspora pour l’économie sénégalaise en cette période de crise ?
La diaspora africaine a une contribution notoire sur le développement de l’Afrique, environ 65 milliards de dollars envoyé chaque année, ainsi dépassant l’aide au développement et les investissements des entreprises étrangères. Le Sénégal étant le premier pays en Afrique francophone à arriver en tête de liste, je pense que le potentiel économique et socioculturel de la diaspora sénégalaise joue déjà un rôle essentiel dans le développement du pays, dont les transferts d’argent à des proches et à des connaissances, ainsi que les investissements dans des petites entreprises qui favorisent la croissance économique du Sénégal. Pour moi l’apport de la diaspora est déjà présente avec la participation financière significative maintenant c’est au gouvernement de mettre en place des initiatives concrètes afin de faire participer la diaspora à la réduction de la pauvreté. Cette période de crise nous a montré la nécessité de revoir les politiques migratoires au sein des pays d’origine, par exemple en favorisant l’émergence des talents pour éviter la fuite des cerveaux, favoriser l’entreprenariat à travers des formations/ateliers en adéquation. En dehors de l’aspect financier, je pense que la diaspora peut apporter un autre volet intellectuel grâce à leurs expertises et leurs compétences, tout cela, accompagné d’un réel désir de contribuer au développement inclusif du pays.

Certains leaders politiques ont émis l’idée de la création d’une banque des sénégalais de la diaspora. Quel commentaire en faites-vous ?
Bonne initiative dans la mesure où elle est mise en place pour répondre aux besoins des sénégalais et résoudre bon nombre de difficultés de financement et d’investissement rencontrées par ces derniers.
A mon avis il faudra qu’elle soit régie dans un environnement bien cadré mais également innovante afin que la diaspora puisse y trouver son compte notamment dans la réduction des frais de transfert/virement, proposition d’assurances maladie/décès et d’autres types de services financiers favorisant l’investissement et préparer un retour en toute sécurité au pays.

Selon vous, les pays africains ont-ils les arguments économiques pouvant leur permettre de sortir de la crise ?
L’Afrique dispose de tous les atouts pour sortir de la crise, elle a les ressources nécessaires pour favoriser son développement telles que les matières premières (gaz, pétrole, or, etc..), l’énergie solaire, une population jeune, une terre fertile propice à l’agriculture, les ressources maritimes et beaucoup d’autres ressources naturelles. Cependant afin d’exploiter cela il faudra une industrie assez puissante accompagnée de la technologie nécessaire mais le plus important pour moi, reste le capital humain c’est-à-dire les ressources humaines qualifiées. La stabilité politique et une forte cohésion entre les états africains seront les principaux enjeux pour atteindre cet objectif.

Votre dernier mot
Je tenais à vous remercier vivement pour cet interview, un remerciement particulier à ma mère pour son soutien sans faille, à ma famille et toutes les personnes qui m’ont aidé de près ou de loin dans ce projet.

Entretien : Malick Sakho

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