Entretien avec Hilary Da Silva, co-fondatrice et présidente de l’associatin Defarr

31 - Juillet - 2025

Créée en 2019 à Rennes, l’association Defarr œuvre dans le domaine de la solidarité internationale. Portée par une équipe engagée et humaine, elle agit pour l’autonomisation des populations africaines à travers le développement rural et l’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale (ECSI). Aujourd’hui, Defarr lance une campagne de levée de fonds pour soutenir ses projets. Entretien avec Hilary Da Silva, co-fondatrice et présidente de l’associatin.

Pouvez-vous nous présenter l’association Defarr ?
Defarr est une association créée en 2019 avec la volonté de répondre à des besoins concrets identifiés sur le terrain, notamment en Afrique de l’Ouest. Le mot “Defarr” signifie “faire ou construire” en wolof, et c’est bien l’essence de notre démarche : construire avec les populations locales.
Nous développons principalement des projets autour de l’autonomisation économique, en particulier à travers l’entrepreneuriat local et la transformation de produits alimentaires locaux. L’idée est simple : valoriser les ressources déjà présentes, tout en renforçant les savoir-faire et les capacités des femmes et des jeunes qui souhaitent bâtir leur avenir.
Notre approche est collaborative, inclusive et respectueuse des réalités locales.

Quel constat vous a poussé à créer Defarr en 2019 ?
En Afrique de l'Ouest, contrairement aux idées reçues, l’envie d’évoluer est bien là. Les femmes, les jeunes, veulent travailler, prendre leur vie en main. Ce qui manque, ce ne sont pas la volonté ou les idées, mais les moyens, les structures, et surtout un cadre pour développer des moyens de subsistance durables.
C’est ce constat qui nous a poussés à créer DEFARR. Pas pour faire à la place des gens, ni pour imposer des solutions toutes faites. Encore moins dans cette logique descendante où, parce qu’il s’agit de populations dites « vulnérables », elles devraient accepter ce qu’on leur apporte.
Notre volonté, c’est de partir des besoins exprimés, et de co-construire avec celles et ceux qui en sont à l’origine.
En 2019, alors que nous étions dans une école de commerce responsable, un centre de formation à Tambacounda (Sénégal) nous a mis en contact avec un groupe de femmes. Elles souhaitaient se lancer dans la transformation de produits locaux : jus, fonio, mil… pour entreprendre, mais aussi échapper aux violences qu’elles subissaient, et contribuer à leur foyer et à leur communauté.
Créer l’association nous a permis de donner corps à cette première initiative, en toute autonomie. DEFARR est née de là.

Quels sont les objectifs principaux de l’association ?
L’association a pour objet de contribuer au développement humain, économique et à l’autonomisation des populations sur le continent africain.
Concrètement, cela signifie que nous plaçons les besoins, les talents et les aspirations des populations locales au cœur de nos actions. Notre objectif est d’accompagner les femmes, les jeunes et les communautés dans la mise en place de solutions durables, adaptées à leur réalité et porteuses d’impact.

Sur quelles zones géographiques intervenez-vous aujourd’hui ?
Nos actions sont essentiellement sur le continent africain notamment en Afrique de l’ouest, on a commencé au Sénégal avec notre premier projet avec les femmes de Tambacounda. Suite à une belle réussite avec ce projet, nous avons choisi d’étendre notre action à la Gambie, un petit pays d’Afrique de l’Ouest. Ce projet est en partenariat avec une association de femmes locales depuis plus de 40 ans dans la conservation et préservation des fruits.

Quels types de projets mettez-vous en place sur le terrain ?
Nous développons principalement des initiatives entrepreneuriales ancrées dans le développement local et l’autonomisation des personnes en situation de vulnérabilité, notamment les femmes. Les deux projets qu’on a eu au sein de l’association portent sur la transformation alimentaire, en particulier celle des fruits locaux.
Il est vrai que le continent africain dispose de bonnes ressources agricoles, et malgré les défis liés au changement climatique, les terres restent riches en produits, avec une diversité de fruits impressionnante. Malheureusement, faute d’outils ou de structures adaptées, une grande partie de ces ressources est encore sous-valorisée ou gaspillée.
Nos projets partent donc du concret. Nous cherchons des solutions durables, accessibles et alignées avec ce que les populations connaissent déjà. Ce n’est ni une aide descendante, ni un modèle importé.
De manière plus large, nos projets sont : Solidaires, car portés avec et pour les communautés locales,
Écologiques, car ils valorisent des ressources locales tout en limitant les pertes,
Culturels, car ils s’appuient sur les pratiques et savoir-faire traditionnels,
Et diversifiés, car chaque projet s’adapte aux besoins spécifiques du territoire.

Vous insistez sur l’entrepreneuriat rural. Pourquoi ce choix stratégique ?
En effet. Je suis convaincue que le développement durable passe par la capacité des populations à être maîtres de leur destin et à valoriser les ressources locales dont elles disposent.
L’entrepreneuriat rural et local, c’est permettre à des femmes et des jeunes, souvent éloignés des centres économiques, de créer des activités à partir de ce qu’ils connaissent déjà : les savoirs artisanaux, les fruits locaux... L’idée n’est pas d’imposer des modèles venus d’ailleurs, mais de former, accompagner et renforcer l’existant pour le rendre viable économiquement.
J’aime aussi beaucoup la notion de transition juste. C’est cette idée que le développement, pour être réellement équitable, doit prendre en compte les réalités sociales, économiques des territoires. Autrement dit : on ne peut pas parler de changement sans impliquer ceux qui vivent le quotidien et sans leur donner les moyens d’y prendre part activement.

Vous travaillez en partenariat avec les acteurs locaux. Pouvez-vous nous expliquer comment se construisent ces coopérations ?
Oui, nos coopérations se construisent de deux manières principales.
D’abord, à partir de demandes concrètes et identifiées par les bénéficiaires eux-mêmes. C’est ce qui s’est passé pour notre premier projet au Sénégal : des femmes de Tambacounda nous ont contactés via un centre de formation local, avec un besoin précis se former à la transformation alimentaire, créer une unité de conservation pour développer une activité génératrice de revenus.
La deuxième approche part d’un besoin plus global repéré sur le terrain, qui ouvre la voie à la création d’opportunités. Dans ce cas, nous identifions, avec nos partenaires locaux, des leviers pour permettre à des femmes et des jeunes de s’épanouir professionnellement, soit en créant leur propre activité, soit en rejoignant une structure rémunérée, comme c’est le cas dans notre projet actuel en Gambie.
Dans tous les cas, nous travaillons main dans la main avec les structures locales car ce sont elles qui connaissent le mieux les réalités du terrain, et notre rôle est d’agir en soutien, jamais à la place.

Comment formez-vous vos bénévoles et comment peuvent-ils vous rejoindre ?
Pendant longtemps, Defarr a été composé essentiellement de jeunes et d’étudiant·es. Aujourd’hui, nous nous ouvrons à toute personne engagée, prête à donner un peu de son temps et de son énergie, et surtout qui croit en l’impact concret d’un projet collectif porté par et pour les communautés locales.
Nous accordons une attention particulière à l’accueil et à l’accompagnement des bénévoles. Pour commencer, nous prenons toujours un temps d’échange individuel avec chaque personne intéressée. Cela nous permet de présenter l’association, ses valeurs, son fonctionnement, mais aussi de mieux comprendre les motivations de chacune. Jusqu’ici, notre équipe bénévole est 100 % féminine … mais qui sait, peut-être que des hommes s’engageront bientôt à nos côtés !).
Ensuite, les bénévoles peuvent assister à une réunion collective afin de s’imprégner de l’ambiance du groupe et des projets en cours. S’ils souhaitent s’engager, un formulaire d’inscription leur est proposé pour officialiser leur implication.
D’ailleurs, il reste encore quelques places pour des bénévoles qui souhaiteraient partir sur le terrain en septembre. L’idée est de nous accompagner dans l'organisation, la coordination ou encore la communication du projet aux côtés des équipes locales. Ils peuvent nous écrire sur teamdefarr@gmail.com

Quelles valeurs guident votre travail au quotidien ?
Nous croyons au respect, à la solidarité et à la richesse de la diversité culturelle.
Notre travail repose d’abord sur le respect profond des populations avec lesquelles nous collaborons : écouter et comprendre avant de proposer.
La bienveillance est une valeur clé aussi envers nos partenaires, les femmes accompagnées, mais aussi entre bénévoles.

Vous lancez actuellement une campagne de levée de fonds. Quel en est l’objectif principal ?
Oui en effet, le lancement est prévu pour la fin du mois de juillet. Concrètement, l’objectif principal est de financer la mise en place d’un atelier de transformation de fruits locaux: jus, confitures, fruits séchés pour des femmes et jeunes en Gambie.

À quoi servira concrètement l’argent récolté ?
Les fonds serviront à :
financer les équipements de base (presses, bouteilles,) ;
soutenir les formations pratiques et en gestion ;
garantir un démarrage structuré, en lien avec les réalités locales, via un appui logistique et humain sur place.
Notre ambition : créer une activité génératrice de revenus stable, durable et digne, construite avec les femmes et jeunes pour répondre à des défis concrets : précarité, gaspillage alimentaire, accès à l’emploi.

Comment peut-on contribuer à cette campagne ?
C'est sur Ulule, vous avez le qr code (voir photo)

Y aura-t-il des événements (concert, dîner solidaire, vente, etc.) liés à la levée de fonds ?
Oui. Nous organisons notamment un "meet & greet" solidaire ainsi qu’un repas gambien d’ici la fin de l’année, pour permettre aux contributeurs et sympathisants de rencontrer l’équipe, découvrir les saveurs du projet, et en savoir plus sur les coulisses de l’initiative.
D’ailleurs, l’un des paliers de contribution à notre campagne permet de gagner une place pour ce moment convivial, en remerciement de leur soutien.

Avez-vous déjà mené des campagnes similaires par le passé ? Quels enseignements en avez-vous tirés ?
Oui, nous avons déjà mené une campagne lors de notre premier projet au Sénégal.
À l’époque, nous avions pour objectif de collecter 3 000 €, via la plateforme Kengo. Cette campagne a été un succès, mais elle n’est pas venue sans apprentissage !
L’année précédente, nous avions tenté une première campagne… qui n’a pas abouti.
Plutôt que de baisser les bras, nous avons pris le temps d’analyser ce qui n’avait pas fonctionné.
Nous avons alors repris les choses sérieusement : retravaillé le fond, observé des campagnes réussies, sélectionné la plateforme adaptée, et construit une stratégie solide.
Résultat : Objectif atteint… mais aussi une belle communauté mobilisée autour du projet.

Aujourd’hui, on espère que cette nouvelle campagne en Gambie bénéficiera de cette expérience précieuse, et rencontrera le même élan solidaire !

Quels sont vos projets à court et moyen terme ?
À court terme, notre priorité est de consolider notre projet en Gambie. On y construit, avec des femmes incroyables, un projet qui va bien au-delà de la transformation de fruits. C’est une initiative ambitieuse qui nécessite un vrai accompagnement sur plusieurs années, au moins trois, pour garantir sa pérennité, sa structuration et son appropriation locale.
À moyen terme, nous souhaitons répliquer des projets similaires dans d’autres régions, toujours en cohérence avec les valeurs de l’association : la valorisation des ressources locales, la co-construction avec les communautés, et l’objectif d’autosuffisance économique pour les bénéficiaires.
À long terme, on veut faire de DEFARR une structure de référence dans la solidarité internationale, portée par des jeunes, ancrée sur le terrain. Une association qui prouve que l’on peut faire autrement, avec respect, intelligence collective, et fierté.

Comment voyez-vous l’avenir de l’association dans 5 ans ?
Dans 5 ans, j’espère pouvoir regarder tout ce que nous aurons construit avec fierté. Des vies changées, des femmes et des jeunes qui vivent dignement grâce à leur travail, des projets avec beaucoup de sens qui donnent vie à un vrai développement.
Je suis présidente aujourd’hui, mais mon désir, c’est que d’autres prennent le relais, que l’association soit portée par de nouvelles énergies, des gens du terrain, des jeunes engagés, ici ou là-bas. Defarr doit vivre au-delà des personnes, grandir, se transformer, rester fidèle à ses valeurs.
Dans 5 ans, je veux voir l’association devenir un véritable réseau de projets solidaires, une référence en matière de co-construction et d’autonomisation, et surtout… une source d’espoir.

Quel message souhaitez-vous adresser aux potentiels donateurs et partenaires ?
Notre association est une association qui croit en l’autonomie, en la solidarité, en la force du collectif. Le 31 juillet, notre campagne de crowdfunding démarre.
Vous pouvez nous soutenir en faisant un don, partageant cette campagne autour de vous (famille, collègues, amis…) et en nous suivant sur Instagram
Vous pouvez scanner le QR Code en haut pour accéder directement à la page de collecte. Vous pouvez également nous suivre sur notre page instagram :@defarrasso
Ensemble, on construit autrement. Et on ne peut pas le faire sans vous.
RDV le 31 juillet pour faire partie de l’aventure !

Un mot de la fin pour celles et ceux qui vous soutiennent ou qui hésitent encore à s’engager ?
On n’a pas besoin de faire de grandes choses pour changer le monde. Parfois, un simple partage, un petit don, un mot d’encouragement ou un coup de main à distance suffit à déplacer des montagnes.
Avec Defarr, on ne prétend pas tout résoudre. Mais on agit là où des femmes et des jeunes veulent reprendre leur destin en main. On essaye à notre petite échelle de construire quelque chose de juste et de durable.
Alors si vous avez cette envie, même petite, de faire bouger les lignes, sachez qu’il y a une place pour vous. À votre manière.

Entretien : Malick Sakho

 

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