Tours (France) : Une zawiya pour la diaspora, un projet ancré dans le reel:

01 - Juin - 2025

Sur les bords tranquilles de la Loire, à Tours, une ville connue pour son histoire, ses châteaux et ses accents de vieille France, se tisse depuis quelques années un autre récit, plus discret, mais tout aussi structurant : celui d’une diaspora sénégalaise en quête de repères, de lieux, de souffle collectif. C’est dans cette dynamique qu’est né un projet aussi ambitieux que nécessaire : l’implantation d’une zawiya, un espace de spiritualité, de culture et de transmission, pensé pour la communauté, porté par l’Association pour la Mutualité et la Diversité de Tours (AMDT).
Loin des effets d’annonce, ce projet ne s’encombre ni de slogans, ni de postures. Il prend racine dans le vécu quotidien des familles, dans les aspirations des jeunes, dans les besoins de cette diaspora sénégalaise installée dans le Grand Ouest français, entre Rennes, Angers, Le Mans, Nantes et Tours ,un territoire vaste, encore peu structuré, mais riche en potentiels humains.
À l’origine du projet, une idée simple, presque élémentaire : disposer d’un lieu. Un vrai. Ni un garage réaménagé à la va-vite, ni une salle municipale prêtée à l’occasion. Un espace qui appartienne à la communauté, dans lequel on puisse transmettre les savoirs religieux, organiser des conférences, accueillir des daara, célébrer des événements spirituels, mais aussi ouvrir les portes aux jeunes générations, à la ville, à d’autres cultures.

Le bâtiment ciblé , une maison de 150m² sur trois niveaux ,pourrait accueillir une salle polyvalente de 80 m², des sanitaires, des espaces d’hébergement, une salle de loisirs pour les enfants, et des pièces pour les enseignements.
Ce n’est pas seulement un lieu de culte : c’est une maison de vie.
Tours n’a pas toujours été sur la carte des implantations de la Tijaniyya. Mais les dynamiques migratoires, les regroupements familiaux, l’installation durable de nombreuses familles sénégalaises dans la région ont changé la donne. Aujourd’hui, la Tijaniyya , l’une des plus grandes confréries soufies d’Afrique de l’Ouest , a besoin de lieux structurés dans le Grand Ouest, au même titre que dans les grandes métropoles comme Paris ou Marseille.
Ce projet de zawiya ne naît donc pas de l’abstraction, mais d’une réalité sociale, spirituelle et culturelle. Une réponse à une nécessité collective. Une réponse aussi à l’urgence de la transmission : celle de nos langues, de nos valeurs, de notre rapport au divin et au vivre-ensemble.
L’appel aux dons est lancé. L’objectif est clair : récolter 65 000 euros pour finaliser l’achat et l’aménagement du lieu. Les contributions, ouvertes à tous, peuvent se faire via la plateforme HelloAsso, dans un esprit de solidarité, sans distinction de rang ni de région. Pour l’heure, les premiers soutiens se sont manifestés, mais le chemin est encore long. Le pari, lui, reste intact.
Ce que cette zawiya représente dépasse les murs qu’elle occupera. Elle incarne une vision : celle d’une diaspora qui ne se contente plus de survivre mais qui veut s’organiser, transmettre, bâtir. Une diaspora qui refuse de se perdre dans l’exil silencieux. Une diaspora qui se souvient de ses racines, tout en s’enracinant ici, en France, dans le respect des lois et des valeurs républicaines.
Le Grand Ouest est encore souvent perçu comme périphérique dans la cartographie de la diaspora africaine. Et pourtant, c’est ici que des dynamiques neuves émergent, loin des grandes scènes politiques ou médiatiques. Ici que se construisent, dans une relative discrétion, les nouvelles formes d’ancrage. Ce projet de zawiya à Tours pourrait bien devenir une boussole pour d’autres villes de la région , Rennes, Angers, Laval, Niort , où les dahiras, les associations et les familles cherchent aussi à structurer leur présence autrement.
Ce n’est pas simplement un lieu qu’on veut acheter. C’est une mémoire qu’on veut faire tenir debout. Une spiritualité qu’on veut transmettre sans l’édulcorer. Une communauté qu’on veut consolider, dans la paix, la fraternité et l’exigence.
Le projet est ouvert. Le moment est venu.
                                                                    Malick Sakho.

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