Sophie Diatta Ndiaye : de l’épreuve judiciaire au consulat, le destin d’une militante debout

12 - Juin - 2025

 

Il y a des parcours qui transcendent les fonctions et dépassent les frontières. Celui de Sophie Diatta Ndiaye, fraîchement nommée vice-consule du Sénégal à Milan, s’inscrit dans cette trame-là : celle d’une femme qui a su concilier engagement militant, dignité personnelle, et sens élevé du service public, même au cœur de la tourmente. Le 9 janvier 2024, la communauté sénégalaise d’Italie retenait son souffle. Ce jour-là, à 12h30, Sophie Diatta Ndiaye se présentait devant le tribunal de Milan. Vice-coordinatrice de Pastef Italie à l’époque et directrice de campagne pour les législatives dans la zone Europe du Sud, elle n’était pas dans l’enceinte judiciaire pour des raisons politiques, mais pour répondre à de graves accusations émanant des forces de l’ordre italiennes : désobéissance à une autorité publique, dommages physiques et matériels à la suite d’un différend avec un agent de police. Une audience à charge, où le parquet requit un an et quatre mois de prison ferme. Mais au-delà de l’acte judiciaire, ce procès avait une résonance plus profonde : il exposait, à travers le cas de Sophie, les tensions et les obstacles auxquels sont confrontés les membres engagés de la diaspora, souvent perçus comme des “étrangers turbulents” lorsqu’ils osent porter une voix différente, engagée et structurée. L’histoire politique de Sophie Diatta Ndiaye n’a pourtant rien d’un parcours d’agitée. Bien au contraire, son engagement au sein de Pastef ,parti fondé par Ousmane Sonko ,est le fruit d’une conviction ferme et d’un long investissement dans les causes citoyennes. Avant même que le parti n’atteigne les sphères du pouvoir, elle était de toutes les mobilisations : forums associatifs, assistance aux primo-arrivants sénégalais, plaidoyers pour les droits des femmes migrantes, et bien sûr, organisation politique dans un contexte européen peu tendre avec les élans panafricanistes. Durant les campagnes électorales sénégalaises à l’étranger, elle fut l’une des rares femmes visibles à tenir la barre du navire, malgré les critiques, les intimidations et parfois même l’indifférence de ses propres compatriotes. Dans un univers politique dominé par les hommes, elle s’est imposée par la compétence, la constance et l’élégance. Lorsque l’affaire judiciaire a éclaté, elle aurait pu choisir la voie du silence, ou celle de la victimisation. Elle a choisi la dignité. Durant l’audience, ses soutiens ont salué son calme, sa maîtrise de la parole, et sa détermination à ne rien renier de son intégrité. La justice italienne, après avoir entendu les deux parties, l’a finalement acquittée des charges les plus graves, ne retenant qu’une peine de huit mois avec sursis, assortie de frais judiciaires. Une décision jugée incomplète mais qui, dans les faits, entérinait sa bonne foi. « Cette victoire, c’est celle de toute une communauté qui refuse de plier l’échine face à l’injustice », affirmait alors Maître Patrick Kabou, un des avocats sénégalais présents au procès. Plus qu’un affrontement judiciaire, cette affaire fut le miroir d’une diaspora en éveil, refusant l’humiliation silencieuse. Aujourd’hui, la nomination de Sophie Diatta Ndiaye au poste de vice-consul du Sénégal à Milan apparaît comme la reconnaissance d’un parcours militant sincère, mais aussi d’une expertise réelle en matière de gestion communautaire et diplomatique de proximité. Qui mieux qu’elle connaît les attentes, les peurs, les aspirations de cette diaspora sénégalaise en Italie, souvent livrée à elle-même ? Ce poste, loin d’être une simple récompense, ouvre un nouveau chapitre dans son engagement : celui de la médiation institutionnelle, du dialogue interculturel, et de la construction de ponts solides entre l’État du Sénégal et ses ressortissants à l’étranger. Dans une époque où la fonction publique sénégalaise peine à se féminiser dans les postes stratégiques à l’extérieur, la désignation de Madame Ndiaye envoie un message fort aux jeunes filles de la diaspora : on peut militer, tomber, se relever, et finir par siéger dans une institution qui représente la République. Sans tricher. Sans s’incliner. À ceux qui l’ont soutenue dans les épreuves, elle continue d’adresser des mots d’une rare humilité. En vérité, la trajectoire de Sophie Diatta Ndiaye est celle d’une femme qui n’a jamais cessé de croire aux vertus du courage, du devoir, et de la solidarité. Elle incarne cette génération d’acteurs de la diaspora qui n’attendent pas qu’on leur donne la parole, mais qui la prennent avec intelligence et responsabilité. Son histoire est un rappel : le militantisme sincère peut parfois ouvrir les portes les plus fermées.

Malick Sakho

Commentaires
1 commentaires
Auteur : Posté le : 12/06/2025 à 17h34

Bonne chance a elle et bcp de succès dans cette nouvelle tâche

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