L’impunité ne peut être tolérée au Sénégal. Cela permet de protéger la mémoire collective ppur la postérité. Ainsi, une nation ne peut se construire sur l’oubli. La vérité et la justice sont les fondements de toute société digne. Au Sénégal, l’absence de progrès significatif dans l’enquête sur les 79 manifestants assassinés, des centaines torturés et plus de 1 500 emprisonnés sous le régime de Macky Sall pose une grave question morale et institutionnelle pour le nouveau régime. Ces crimes ne peuvent être ignorés. Le peuple sénégalais, qui a payé le prix de sa liberté lors des manifestations de mars 2021 et juin 2023, mérite justice et réparation.
La magistrature sénégalaise, au cœur de ces violations des droits humains, traverse une crise de crédibilité profonde. Elle peine à s’adapter à la politique souverainiste et de justice sociale prônée par l’administration du Président Bassirou Diomaye Faye. La justice ne doit jamais devenir un instrument de répression. La lenteur des enquêtes sur les crimes de l’État et les abus policiers fragilise la confiance des citoyens. Les tortures subies par les résistants restent gravées dans la mémoire collective. L’indifférence face à ces violences serait une trahison de nos valeurs.
Le régime en place laisse également derrière lui un lourd héritage de corruption et de mauvaise gouvernance depuis 1960. Les détournements de 766 milliards du plan anti-inondation (2012-2022) et de 1 000 milliards destinés à la gestion de la pandémie illustrent l’échec moral et financier de l’État, dont les conséquences se font encore sentir aujourd’hui à Dakar et à Touba. Ces scandales doivent être traités avec la même rigueur que les crimes contre les personnes. Le laxisme de la magistrature a permis la continuité du comportement arrogant de certains criminels et corrompus. Cependant, il est alarmant de voir d’anciens promoteurs de Macky Sall ou des individus neutres pendant la résistance se rallier aujourd’hui à la coalition Diomaye, prônant l’oubli au nom de la “stabilité nationale”. Cependant, la stabilité durable ne peut se bâtir sur l’impunité. La réconciliation nationale exige la reconnaissance des souffrances, la réparation des victimes et l’affirmation claire que la répression ne sera jamais tolérée.
Pour restaurer la justice et la confiance citoyenne, il est impératif que le pouvoir exécutif et l’Assemblée nationale prennent leurs responsabilités en mettant en place une commission indépendante chargée d’enquêter sur les crimes de l’État, les arrestations arbitraires, les tortures et les abus policiers. Les mesures à envisager doivent inclure l’indemnisation et la réhabilitation des victimes, la création de mémoriaux et de journées de commémoration, ainsi qu’une intégration systématique des leçons historiques dans les programmes scolaires. Ces actions ne visent pas seulement à honorer les victimes, mais également à renforcer le tissu moral et civique de la Nation. La société doit apprendre à reconnaître et à dénoncer les dérives pour protéger ses institutions et ses valeurs démocratiques.
Le Sénégal doit assumer son passé, faire la lumière sur les injustices et garantir que justice soit rendue, pour les victimes et pour toute la Nation. L’impunité ne peut être tolérée. La mémoire collective doit être protégée, car seule la vérité permet à la société de progresser en dignité et en équité.
Maodo Ba Doba
Membre du Moncap-France