La dahira est une structure d'apprentissage et d'enseignement de l'Islam et du coran. C'est une organisation stricto- sensu des confréries musulmanes du Sénégal. C'est un instrument par lequel les musulmans souvent d'une même confrérie utilisent pour se regrouper, s'unir et se connaitre entre eux dont l'objectif unique et principal est de connaitre leur religion l'Islam à travers leur confrérie d'appartenance. Historiquement la dahira création de l'Islam sénégalais est une réaction des musulmans des villes contre l'autorité coloniale : en 1903, une loi de l'autorité coloniale avait interdit la création d'écoles coraniques sans une autorisation préalable de l'administration coloniale française. En effet pour la France, l'Islam est un grand obstacle pour l'expansion coloniale car la culture arabo-islamique est présente depuis le 11° siècle. Ainsi l'école française Courroix de transmission et de magnification de la culture française avait beaucoup de difficultés pour s'implanter au Sénégal. Cette loi de 1903 sera renforcée en 1905 par la loi sur la laïcité en France interdisant toutes injonctions de toutes les religions dans les affaires socio-étatiques. Pour contourner cette menace de la France, particulièrement dans les centres urbains, les autorités musulmanes avaient développé des stratégies socio-éducatives complémentaires pour maintenir les populations urbaines dans l'éducation islamique à travers des regroupements : c'est l'apparition des premières dahiras urbaines strictement liées aux confréries musulmanes. Dans son évolution dans le temps et dans l'espace, ces dahiras ont connu des mutations socio-culturelles en s'implantant dans les quartiers et les lieux de travail pour plus tard reconstruire une solidarité sociale entre les originaires d’un même village implanté en ville par le phénomène de l'exode rural appartenant souvent à la même confrérie musulmane.
Une école d'apprentissage
C'est un phénomène religieux voire une pratique musulmane confrérique qui a accompagné les sénégalais dans leur déplacement : une école d'apprentissage de l'Islam à travers leur confrérie avant d'être un instrument de solidarité sociale entre les talibés et un cordon ombilical avec l'autorité de la confrérie. A partir des années 80, l'avancée de la sécheresse et son corollaire l'abandon des activités agricoles ont poussé certains habitants des régions de Diourbel et du Sine Saloum, terre de culture d'arachide à prendre la route de l'exode rural vers Dakar et plus tard la route de l'immigration vers l'Europe occidentale. Ces sénégalais implantés en France, en Italie, en Espagne …, sont arrivés avec leurs valises mais aussi avec leur propre bagage virtuel de leur vécu, de leur histoire personnelle et collective, de leurs normes sociales dont la plus importante est leur religion ; un Islam à travers leur confrérie. Cette Islam confrérique a permis à ces immigrés sénégalais de réinventer un réseau socio-religieux de solidarité par la naissance de dahira. Copie collée des dahiras urbaines sénégalaises. Aujourd'hui personne en Europe ou au Sénégal ne doute de l'efficacité des dahiras sénégalaises en Europe quel que soit la confrérie d'appartenance. La dahira en Europe dans son rôle d'assistance sociale, de régulateur sociale, d'assistance financière pour toute organisation confrérique en Europe et au Sénégal, de participation financière dans des constructions socio-sanitaires et surtout le rapatriement des corps de sénégalais décédés en Italie ne fait pas l'ombre d'un doute et est apprécié à sa juste valeur par les autorités musulmanes, étatiques et toute la population sénégalaise. Mais de la création de la dahira mouride en Toscane " Matlaboul Fawzeini " qui avait présenté ses condoléances au nouveau khalife Serigne Abdou Khadre Mbacké après le décès de son prédécesseur Serigne Abdoul Ahad Mbacké le 19 juin 1989, n'est-il pas temps pour tous les sénégalais en Europe d'entamer une réflexion sur l'apport et la prise en charge des dahiras sur la communauté immigrée, d'autant plus que toutes les associations sénégalaises virtuelles qui pullulent en Europe n'ont jamais réussi quelque chose de concret en faveur des immigrés en Europe.
Un moyen extraordinaire d'éducation
Après plus de 30 ans d'existence si on se réfère à cette première dahira mouride de la Toscane, et vu que nos familles sont définitivement installées en Europe, la nouvelle mission des dahiras serait d'encadrer les familles sénégalaises devant l'agression de plus en plus forte de la culture occidentale.
Les réflexions de Monsieur Pape Moctar Tall ancien président du C.A.D.E.E.S. et syndicaliste de métier à Parme dans la région de Bologne et de Monsieur Pape Demba Dia secrétaire général du C.A.D.E.E.S et syndicaliste de métier à Pontedéra en Florence et tous deux très actifs dans les dahiras mourides ouvrent un débat qui mérite d'être posé dans la journée mouride du 8 juin et dans la nuit de l'anniversaire de Serigne Babacar Sy pour ne citer que celles-là.
Selon Monsieur Tall, toutes les dahiras ont un statut juridique constitué en tant que association, mais la démarche de la dahira différente de celle des associations peut-elle s'adapter aux conditions de l'entité italienne " ente del terzo settore "qui gère les associations Pour Monsieur Tall, la dahira comme l'association a-t-elle prévu d'intégrer les seconde et troisième générations d'immigrés pour leur donner des responsabilités dans l'objectif d'en faire des futurs gestionnaires car la présence des jeunes dans la dahira est un moyen extraordinaire d'éducation dans cette société européenne, mais aussi il est temps de consolider aussi les relations avec les institutions européennes. Pour cela, les dahiras sont contraintes de faire visibilité en organisant des Magal et des gamou par région évitant le morcellement, car les européens tiennent compte du nombre : pourquoi en un mois c'est à dire 4 samedis, Brescia, Bergame, Milan et Lecco organisent à tour de rôle un magal ou un gamou : l'unité en un samedi aurait plus de poids de publicité pour la communauté sénégalaise qui serait prise au sérieux par les autorités lombardes.
La collaboration et l'intégration
Selon Monsieur Dia, les dahiras sont contraintes de contextualiser leurs activités, leurs réflexions et leur mode d'éducation en réfléchissant sur des méthodes pédagogiques pour affronter les problèmes de nos familles en Europe : éducation de nos enfants, problèmes des nombreuses divorces et leurs néfastes conséquences, l'introduction de nos jeunes dans les réseaux de la criminalité, le problème de l'homosexualité tolérée et acceptée d'autant plus que la théorie de " Gender" basée sur l'acceptation de la théorie de genre est enseigné dès le bas âge en Europe. M. Dia termine par un problème non moins important : la collaboration et l'intégration des sénégalais dans la communauté musulmane européenne pour répondre au principe de la UMMA islamique, car nous musulmans sénégalais notre façon de pratiquer l'Islam peut être acceptée par les européens; de cet Islam pacifique, progressiste, humaine qui est disposé à collaborer avec toutes les autres religions révélées monothéistes et avec les européens dans un respect réciproque pour donner raison à notre cher et respecté professeur Souleymane Bachir Diagne: " le pluralisme sociale est l'art de mettre ensemble les différences socio-culturelles ".
NOTA BENE : Chers sénégalais, cet article est juste un début de réflexion incomplète et peut être même avec des erreurs, juste pour inciter tous les immigrés à réfléchir sur notre avenir et notre devenir en Europe avec l'instrument qui nous est le plus cher dans ce bas monde. Notre religion L'ISLAM
Magatte Simal
C.A.D.E.E.S.Italie