Depuis les années 2000, le Sénégal est confronté à des inondations récurrentes, plongeant régulièrement ses grandes agglomérations comme Dakar ou Touba dans des situations critiques. Ces catastrophes ne sont pas seulement climatiques, elles résultent d’une combinaison de facteurs liés à une urbanisation anarchique, aux politiques publiques défaillantes et aux catastrophes environnementales. Cependant, il est crucial de mettre en place une politique préventive sérieuse et durable et non un plan purement réactif comme ceux des différents régimes depuis 1960.
Une urbanisation anarchique et une insuffisance des infrastructures aggravent les inondations au Sénégal. En effet, l’expansion rapide et non planifiée des villes, notamment Dakar, Pikine, Guédiawaye, Mbour, Thiès, Saint-Louis et Touba, occupe des zones naturelles d’écoulement des eaux comme basses terres, marécages et dépressions. Les quartiers tels que Wakhinane, Keur Massar, Thiaroye, Parcelles Assainies, Yeumbeul ou Malika subissent des inondations répétitives. Les infrastructures d’assainissement sont souvent inexistantes ou insuffisantes comme les réseaux de drainage bouchés, caniveaux encombrés, stations de pompage sous-dimensionnées. À Mbour, par exemple, les routes comme devant le Stade Caroline Faye, devant la mairie ou le marché central se détériorent rapidement, témoignant du manque de planification et de vision des autorités locales qui s'enrichissent davantage au détriment des priorités publiques. Le cynisme et le manque de vision des autorités municipales depuis l'indépendance en 1960 illustrent l’échec des différentes équipes municipales.
La gouvernance défaillante se manifeste par le détournement des priorités. La mauvaise gouvernance aggrave le problème. Les fonds colossaux destinés à la lutte contre les inondations, tels que les 766 milliards du Plan Décennal de Gestion des Inondations (2012-2022), ont été mal utilisés ou détournés. Les politiques publiques restent réactives, appliquées seulement après des catastrophes, sans coordination efficace entre l’État, les collectivités locales et les agences techniques. Cette situation traduit un déficit structurel de planification et de transparence.
Toutefois, le changement climatique et la dégradation environnementale montre la faillite de l'Etat sénégalais à travers ses politiques d'aménagement urbain. Autrement dit, le Sénégal subit déjà les effets du changement climatique par la montée du niveau des mers, des pluies plus intenses et l'érosion côtière, touchant les littoraux de Dakar, Saint-Louis, Mbour, les îles du Sine-Saloum et la Casamance. La déforestation et l’imperméabilisation des sols aggravent le ruissellement et les inondations. Le développement récent de l’exploitation du pétrole et du gaz naturel pourrait renforcer la dépendance aux énergies fossiles et accroître les risques environnementaux et industriels par l'industrialisation du Sénégal avec le Programme de la Vision2050.
Au terme de notre analyse, on peut dire que la nouvelle administration sénégalaise se tend vers une politique préventive durable. Car, si des efforts ont été notés aujourd'hui avec le Président de la République Bassirou Diomaye Faye , accompagnés du Dr Cheikh Tidiane Dièye Ministère de l'Hydraulique et de l'Assainissement et du Premier Ministre Ousmane SONKO entre Thiaroye, Keur Massar, Touba et Parcelles Assainies, il reste indispensable de mettre en place une politique préventive durable et non un plan réactif comme les précédents régimes. Une planification urbaine ambitieuse, des infrastructures modernes et une gouvernance transparente sont les clés pour réduire la vulnérabilité aux inondations et protéger les populations.
Maodo Ba Doba
Historien militaire contemporain,
Enseignant en géographie urbaine,
Membre du Moncap-France.
Une analyse structurée