Sénégal : une solide démocratie altérée

02 - Avril - 2023

 

Il est accepté par tous les observateurs du monde que la démocratie a débarqué dans le continent africain par le port du Sénégal et y est définitivement amarrée. La démocratie africaine surtout subsaharienne est essentiellement sénégalaise. Pour preuve de 1960 à 2000, l'Afrique a connu 82 coups d'Etat et depuis 2017, le monde a connu 13 coups d'Etat dont un seul au Mianmar (Birmanie) et les 12 autres en Afrique ; la présence de coups d'Etat est l'absence de la démocratie. En 70 ans d'indépendance, seuls 8 pays africains n'ont pas connu de coups d'Etat et en Afrique de l'ouest, seul le Sénégal n'a pas connu de coups d'Etat. Il est le seul pays à pouvoir et à vouloir changer de régimes par des élections démocratiques.
Si la démocratie a des principes de base qui sont élections démocratiques, coexistence de plusieurs partis politiques, égalités des droits des citoyens et respect des libertés d'expressions et d'opinions à travers la liberté de presse, le Sénégal est le seul pays capable de répondre à ces différents critères de la démocratie et par conséquent est le seul pays démocratique africain.
Si la pratique de la démocratie est assimilée à l'exercice du vote, le Sénégal est une démocratie avant son indépendance. Depuis le 27 Avril 1848, sur instruction du gouverneur colonial, la colonie du Sénégal pouvait envoyer un député au parlement français. De Barthélémy Durand Valentin élu le 4 Novembre 1848, le premier député blanc en passant par Blaise Diagne élu en 1914 remplacé à sa mort en 1934 par Ngalandou Diouf jusqu'à Senghor et Lamine Gueye, citoyens français vivant dans les 4 communes de plein exercice (Dakar, Gorée, Rufisque et Saint Louis) et les sujets français (reste des habitants de la colonie) ont toujours voté par le système du double collège électoral. A la fin de la colonisation, le Sénégal indépendant n'a pas abandonné cette tradition démocratique de choisir les dirigeants politiques et de faire l'alternance politique par des élections libres et démocratiques. Les élections locales et législatives de 2022 ont confirmé l'organisation d'élections démocratiques car les résultats sortis des urnes ont plus favorisé les partis de l'opposition que le parti et l'alliance de la majorité présidentielle.
Ce système démocratique sénégalais est soutenu par un multipartisme total. Il a été instauré en 1974 par le président Léopold Sédar Senghor qui avait autorisé à l'avocat Maitre Abdoulaye Wade de créer le P.D.S. (parti démocratique sénégalais) Le multipartisme est entré pleinement dans les mœurs politiques et démocratiques sénégalaises en 1981 avec l'accession du président Abdou Diouf. Ce multipartisme a permis des alternances dans tous les types d'élection locale comme nationale. En 2000, M. Abdoulaye Wade et le P.D.S. arrivent au pouvoir ; cette alternance politique a connu une évolution en permettant à M.Macky Sall et son parti politique l'Alliance pour la république (A.P.R) dans une large alliance présentielle le " Benno Bokk Yakaar" d'accéder au pouvoir présidentiel en 2012.

Mettre en danger la sécurité nationale
Le multipartisme avec plus de 300 partis politiques est devenu tellement anarchique à tel point que des mesures ont été prises afin de limiter une prolifération des formations politiques et des candidats aux différentes élections. Le parrainage institué par l'article S 57du code électoral fut mis en place comme l'affirmait l'ex premier ministre Mme Aminata Touré pour " éviter les candidatures fantaisistes dans un pays qui compte plus de 300 partis.
Le troisième baromètre de la démocratie sénégalaise est la liberté d'expression et d'opinion à travers la liberté de presse. Dans ce domaine, le Sénégal a damé le pion à la grande France démocratique où la presse est fortement concentrée entre les mains de quelques grands groupes financiers. Depuis le journal " le politicien " créé en 1977 par le regretté Mame Less Dia inspiré par le journal français " le Canard enchainé", le journal " Promotion" de Mr Boubacar Diop, la liberté de presse au Sénégal a dépassé largement les limites de la démocratie pour verser dans le terrorisme, la cybercriminalité, la cyber agression pour fleurter avec le manichéisme dans le sens littéraire du terme c'est à dire diviser toute chose en deux dont l'une est considérée tout entière avec faveur et l'autre rejetée sans nuance. Ce phénomène a créé au Sénégal une presse politiquement partisane. Cette forme de liberté de presse propre aux hommes de média sénégalais est le premier danger qui commence à altérer la démocratie sénégalaise.
La presse considérée comme quatrième pouvoir avec ses dérapages médiatiques est en train de mettre en danger et la démocratie et la nation et la stabilité sociale du Sénégal. La liberté de presse comme le comprennent les ""professionnels " des média sénégalais risque de mettre en danger la sécurité nationale sénégalaise. Ce qui devait être la pierre angulaire de notre démocratie, de notre stabilité sociale, ce qui devait accompagner et enseigner aux sénégalais les choix démocratiques sont en train d'engendrer des dérives dangereuses pour notre nation.

Révélations fallacieuses
Au nom de la liberté de presse peut-on nuire à la réputation des hommes et des femmes en faisant des révélations fallacieuses sur leur vie privée, sur la sécurité de la nation en mettant au vu et au su du monde entier des informations top secret de nos forces de défense et de sécurité sans tenir compte du contexte international ? Au nom de la liberté de presse peut-on accepter que des professionnels de média par des opérations d'intimidation et de chantages tentent d'altérer le statut du président et des institutions de la république ? Aujourd'hui la presse se constitue en groupe de lobbying pour rétrécir la marge de manœuvre de tout politicien moyennant argent. Si toutes les nations de la sou région sont confrontées au terrorisme, le Sénégal quant à lui doit affronter un danger beaucoup plus grave pour notre jeunesse qui a pour nom terrorisme intellectuel, cyberattaque etc. L'administration américaine est en train de réfléchir sur comment changer le 2° amendement de sa constitution qui a institué la liberté du port d'armes malgré le lobbying du N.R.A. (national rifle association). Le Sénégal doit faire de même ; réfléchir sur un référendum national pour mettre des garde fous à la liberté de presse qui est entrain de formatter dangereusement et négativement la nation sénégalaise.
Notre démocratie risque d'être altérée aussi par la violence politique qui s'exprime par des agressions physiques entrainant mort d'homme surtout jeune et par des destructions massives qui affaiblissent gravement l'économie et l'épargne des sénégalais. Cette violence politique rejoint nos enfants dans leurs établissements scolaires et universitaires pour en faire de la chair à canon.
Face aux forces de l'ordre. Le discours politique violent et anti républicain manque de respect à toutes les institutions étatiques et socio-culturelles de la république. La violence politique est utilisée pour détruire l'ordre social démocratiquement établi et est en train d'influencer psychologiquement les citoyens sénégalais par l'installation de la peur collective, de l'anxiété et du stress. Tous ces politiciens qui s'affirment par la violence avec le soutien sans faille de cette presse plurielle partisane doivent prendre conscience que la violence politique n'est pas une réponse humaine, intelligente et démocratique aux véritables problèmes de la démocratie en général et du Sénégal.

Affirmation de la nation sénégalaise
L'altération de la démocratie sénégalaise la plus dangereuse et la plus destructrice qui peut nuire à l'affirmation de la nation sénégalaise est la destruction de la société multiculturelle et multiethnique par l'introduction et l'utilisation des ethnies dans le champ politique. La nouvelle classe politique est en train d'utiliser le sectarisme régionaliste et les démons de la division et de la confrontation ethniques comme une épée de Damoclès sur la tête de la stabilité socio- démocratique sénégalaise. Depuis un certain temps, des politiciens tentent de battre en brèche les valeurs traditionnelles surtout socio- religieuses pour déstabiliser la démocratie sénégalaise par la création de milices et de sociétés secrètes religieuses à des fins politiques avec de temps à autre le soutien d'une société civile versatile, partisane et anti chambre de l'opposition en complicité avec des activistes réfractaires à tout type d'autorités même parentales et adepte de tous les types de délit pénale et escroqueries. Des sociétés secrètes d'obédience islamistes vecteurs du terrorisme et de dictature et de destruction sociale de masse.
Les sénégalais doivent accepter que la démocratie soit un travail quotidien, un comportement républicain, une conception politique perpétuelle. Ils doivent aussi comprendre que la démocratie est un système imparfait incapable de satisfaire tout le monde. Aujourd'hui, la nation de la France démocratique rejette en bloc le principe de la 49.3 et aux U.S.A. le principe des grands électeurs fait grincer des dents ; lors de la victoire présidentielle de Donald Trump, Madame Clinton avait plus de 4 millions de votes pour perdre par le système des grands électeurs.

Magatte Simal
C.A.D.E.E.S Italie

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