Le mercredi 13 août 2025, Casa Sankara, au cœur de la province de Foggia en Italie, a célébré avec éclat et dévotion le Magal de Touba, commémoration du départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Comme chaque année, la grande communauté mouride du sud de l’Italie s’est retrouvée dans ce lieu devenu symbole, non seulement de spiritualité, mais aussi de dignité et de solidarité.
Fondée sous l’impulsion de Mbaye Ndiaye, Casa Sankara est aujourd’hui une référence. Plus de 500 migrants y vivent, loin des ghettos insalubres qui marquent tristement la région agricole des Pouilles. Grâce à des terres concédées par l’État italien, les résidents y pratiquent une agriculture solidaire qui leur permet de subvenir à leurs besoins, mais aussi de préserver leur dignité. Casa Sankara, c’est aussi une mosquée, une école, des espaces communautaires et surtout une philosophie : bâtir une communauté qui allie foi, travail et solidarité.
L’édition 2025 du Magal restera dans les mémoires pour son ampleur et la qualité de son organisation. Sous la coordination de Papa Latyr Faye, Elhadji Madieumba Seck et Pape Osseynou Fall, l’événement a été préparé avec minutie, mobilisant l’ensemble de la communauté. Cheikh Ndoye, venu spécialement du dahira de Manfredonia, a apporté un soutien précieux, contribuant à renforcer les liens entre les différentes localités de la diaspora mouride en Italie.
Impossible de passer sous silence le rôle essentiel des femmes. Fatou Niass, Sonia et toutes les femmes de la province de Foggia se sont investies corps et âme dans la réussite du Magal. De la cuisine à l’accueil en passant par la décoration, elles ont donné une touche de chaleur et de convivialité qui a marqué les esprits.
Des centaines de fidèles se sont rassemblés dans la grande cour de Casa Sankara pour prier, chanter les khassaïdes et partager des repas fraternels. L’atmosphère était à la fois recueillie et festive, traduisant ce mélange unique de ferveur spirituelle et de joie collective qui caractérise le Magal.
Plusieurs témoignages recueillis sur place rappellent combien célébrer le Magal, loin du Sénégal, n’enlève rien à son intensité. Au contraire, pour beaucoup, cette journée fut une preuve que l’enseignement de Cheikh Ahmadou Bamba dépasse les frontières : une foi inébranlable, une persévérance à toute épreuve, et la conviction que le travail et la solidarité sont des piliers de la dignité humaine.
Dans une région souvent associée à l’exploitation des travailleurs saisonniers, Casa Sankara offre une image différente. Ce n’est plus seulement le Foggia des champs de tomates et des conditions de vie indignes, mais aussi celui d’un projet porté par des migrants qui ont choisi de résister à la précarité par l’organisation et la foi.
À travers cette célébration, Casa Sankara a prouvé une fois de plus qu’elle n’est pas seulement un lieu d’hébergement : elle est un repère, un phare pour toute une communauté. Le Magal 2025 restera comme un moment fort, où dignité, foi et solidarité ont trouvé leur expression la plus éclatante.
Malick Sakho