Sénégal : L'école en question.

26 - Février - 2023

Nul n'ignore aujourd'hui la frénésie du débat autour de l'école sénégalaise. C'est un plaisir de voir tant de beau monde à savoir tous les acteurs de l'école sénégalaise avoir des soucis et des idées positives pour notre premier système éducatif national. La confrontation est assez vive, mais jusqu' à présent les idées ne sont ni nombreuses, ni claires, ni précises surtout de la part de ceux qui critiquent l'école sénégalaise. De toute façon ceux qui critiquent ne doivent jamais oublier ce que cette institution a fait pour eux.
L’école leur a permis au moins d'avoir une formation, une bonne formation pour avoir les idées, les possibilités intellectuelles pour critiquer. Pour ou contre, d'accord ou pas d'accord, tous les acteurs de ce débat autour de l'école sénégalaise et de ses probables réformes que ce n'est pas une confrontation politique donc le résultat doit être positif, public et concret. Il ne s'agit pas d'un débat avec un vainqueur et un vaincu à la clef, mais il s'agit plutôt d'une rencontre sous l'arbre à palabre pour le devenir et l'avenir de la nation sénégalaise à cause de l'importance et de la place sociale de l'école sénégalaise pour tout sénégalais et tout être humain.
Tout débat politique, social ou économique est contextuel ; le contexte politique général du Sénégal de ce débat et de l'implication de l'école dans notre société créent un brouillard autour de la question. Y a-t-il manipulation politique pour susciter le débat ? La position et les arguments des élèves sur la question ne sont-ils pas dictés par une certaine idéologie contre l'influence culturelle française dans les ex colonies en particulier le Sénégal ?
L'école est une institution sur laquelle repose toute organisation socio-économique de tout groupe humain. C'est un système spécial de documentation et d'étude organisée par les sociétés humaines pour une acquisition accélérée et contrôlée de connaissances empiriques nées de l'observation, de l'expérience et d'une richesse culturelle. C'est le lieu d'un enseignement général ou spécialisé collectif donc d'une instruction dans le sens militaire du terme c'est à dire une acquisition de connaissances et de pratiques utiles voire essentielles dans la vie humaine.
L’école est donc une institution de transmissions de connaissances intellectuelles, un lieu de transmission du savoir et du savoir-faire. L'enseignant ou instructeur dans ce cadre est un trait d'union entre l'élève et la connaissance permettant à chacun d'obtenir une qualification qui lui assurera une place dans la société au travers du monde du travail par l'acquisition d'un statut professionnel. D'autre part l'école permet la cohésion sociale en transmettant une culture et une langue communes car est lieu d'éducation civique et morale. Elle aide les élèves à acquérir des habitudes, des attitudes, des comportements compatibles avec les normes, les règles, la morale et les coutumes de la société : " tout enfant qu'on enseigne est un citoyen qu'on gagne".
Aujourd'hui, le constat général de tous les sénégalais est que nos écoles ne répondent plus à ces deux missions. L'école sénégalaise actuellement est à la croisée des chemins et subit des attaques de toute part accompagnée de propositions de solutions pour une école sénégalaise avec de nouveaux programmes pour répondre aux attentes et aspirations du peuple sénégalais du moment.
Dans le domaine des programmes enseignés, certains parlent d'obsolescence, d'incompatibilités et même de non concordances avec les normes internationales. De toute façon cette " manipulation" pour montrer l'influence de la culture française n'est pas fondée. A titre d'exemple, est-il possible d'enseigner l'histoire de Serigne Touba sans parler de ses contradictions avec la France ? comment expliquer les choix d'éducation religieuse de El hadj Malick Sy sans faire appel aux lois françaises de 1902 et de 1905 ? comment enseigner l'histoire de tous nos royaumes faisant fi de Faidherbe, Doods ou Archinard ou comment expliquer l'évolution politique de notre pays sans faire le parallélisme avec celle de la France ? Il faut l'accepter et travailler avec ; l'histoire de la France et du Sénégal est une tasse de café au lait ; il faut le boire ensemble vu qu'il est impossible de boire le café laissant le lait dans la tasse.
Certains parlent de l'insertion des nouvelles technologies liées à l’informatique ; c'est une question plus facile à gérer d'autant plus que souvent les jeunes élèves et étudiants ont des prédispositions insoupçonnées et sont souvent plus informés que leurs parents et enseignants. Le problème pédagogique sera donc la réalisation de gardes fous pour prendre en charge les réels dangers qui menacent les enfants dans ce domaine. La cyberintimidation a porté beaucoup d'enfants au suicide en Europe. La cyberintimidation est une manifestation en ligne par des actions violentes et intimidantes exercées par une ou plusieurs intimidations sur une victime souvent psychologiquement faible.
L'enseignement des langues nationales dans l'école sénégalaise anime aussi le débat. Nul doute que les langues nationales sont le premier moyen de traduire véritablement le sens du monde et de faciliter la compréhension par l'enfant de l'essence même de son environnement. La langue maternelle est le seul socle pour maitriser et comprendre une langue étrangère. Mais les parents d'aujourd'hui surtout dans les grandes villes comme Dakar n'arrivent plus à parler et enseigner la langue maternelle à leurs enfants. Dès le jardin d'enfants, ils habituent leurs enfants à parler la langue française qui devient ainsi pour lui la langue maternelle. Combien d'enfants de certaines écoles de Dakar ne parlent aucune langue nationale ; apprenant et parlant la langue de Molière dès le bas âge et accompagnés dans l'apprentissage la culture française.
Les professionnels des langues nationales doivent donc prévoir une autre pédagogie pour ces enfants qui ne sont sénégalais que de nom et de naissance. Il ne faut surtout pas faire de l'introduction des langues nationales une question idéologique ou de politique politicienne mais en faire une question pédagogique ; c'est à dire réfléchir sur la faisabilité dans le temps et dans l'espace géographique dans l'intérêt pratique de la nation. En Italie, la langue nationale est l’italien ; mais quasi chacune des 107 provinces ou départements des 20 régions du pays a son propre dialecte qui est plus parlée que l'italien et qui détermine largement la culture du terroir. Jusqu'en 2020, seul le veneziano ; dialecte de la province de Venise a commencé à être enseigné dans les écoles publiques. En Norvège, selon le journal "Aftenposten" du 13 février 2022, le " Sprakradet" qui est l'instance publique pour préserve la langue nationale norvégienne tire la sonnette d'alarme pour attirer l'attention de la nation entière norvégienne sur une possible disparition du norvégien comme langue nationale face à une utilisation de plus en plus large de l'anglais. En Norvège les enfants et les plus jeunes élèves et étudiants compris baignent dans une offre culturelle, médiatique, pédagogique et éducative massive et envahissante en anglais. Actuellement le Sénégal et la nation sénégalaise vivent la même situation que le Norvège avec la langue française et pire les sénégalais donnent beaucoup plus d'importance à la seconde langue anglaise qu'à leurs langues nationales.
Mais il y a inquiétudes dans ces innovations que sollicitent une frange de la nation sénégalais, des professionnels pédagogiques, des parents d'élèves et des élèves. N'y a-t-il pas une orientation idéologique, politique et culturelles dans le choix des innovations dans l'école sénégalaise. Tous les citoyens du monde s'accordent que les thèmes de genre, théorie de genre, les problèmes de l'homosexualité et de sexualité sont des équations pour tous les jeunes du monde dans leur compréhension et dans leur application ; pourtant tous les sénégalais sont conscients que ce sont des cas patents, évidents et connus de tous comme obstacles qu'il faut nécessairement franchir. Il est temps de s'éloigner de cette école sénégalaise de répétition, de récitation et de restitution pour préparer nos élèves et étudiants aux nouveaux défis du monde global qu'il faut nécessairement affronter. La société sénégalaise ne peut plus continuer à faire fi de ces questions de l'heure qui risquent de faire mal à nos enfants s'ils ne sont accompagnés par les pédagogues, les psychologues et les psychiatres et les sociologues. Ces ne font pas partie de nos réalités socio- culturelles, mais risquent de nos créer des complications sociales à cause de l'interconnexion mondiale. Comment ignorer la question de l'enseignement de la laïcité pour protéger nos enfants de tout prosélytisme idéologique et religieux violent ? Comment créer une école laïque qui est un principe de liberté de choix car la laïcité est basée sur les trois principes de liberté de conscience, liberté de manifester ses convictions dans les limites du respect de l'ordre publique de la république et de séparation des institutions républicaines et des organisations religieuses.
Vouloir innover pour des raisons idéologiques ou de politique politicienne est un danger pour la jeunesse sénégalaise contrainte de porter des œillères. Savoir innover pour s'adapter à un monde en éternel changement c'est savoir-faire en parfaite pédagogie un choix judicieux entre les multiples innovations pour notre nation : en pédagogie, les erreurs et les bêtises sont des crimes pour la société.


Magatte Simal
C.A.D.E.E.S. Italie

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