Le Sénégal : le doyen de la démocratie en Afrique a de l'énergie à revendre

19 - Août - 2022

Historiquement la démocratie a débarqué en Afrique par le port du Sénégal et y est encore amarrée. Tout démontre qu'elle s'est timidement propagée dans le reste du continent mais la racine principale reste enracinée ( la répétition de confirmation ) dans notre pays; la démocratie africaine est sénégalaise. De 1960 à 2000, L'Afrique a connu 82 coups d'état et depuis 2017, le monde a connu 13 coups d'état dont un seul a Mianmar ( Birmanie ) en février 2021 et les 12 restants en Afrique. En 70 ans, seuls 8 pays africains n'ont pas connu de coups d'état réussis, déjoués et manqués et en Afrique de l' ouest, seul le Sénégal n'a pas connu de coups d'état ( touchons du bois !!! )sous aucune forme et est le seul pays depuis 1960 à organiser des élections comme alternative politique. Si la pratique de la démocratie est assimilée à l'exercice du droit de vote, le Sénégal est une vieille et ancienne démocratie car notre pays est le premier en Afrique à voter et a connu le vote avant beaucoup de pays européens, américains et asiatiques. Il faut remonter à 1840 avec la création du conseil général de Saint Louis dans lequel commerçants français, négociants et propriétaires indigènes votaient des recommandations pour le gouverneur et discutaient de questions de budget, de commerce et d’intérêts généraux de la cité de Saint Louis ; la démocratie est basée sur le débat, sur les négociations et les manoeuvres la cité et la société si possible à l'unanimité sinon à la majorité des voix. Depuis le 27 Avril 1848, le Sénégal sur instruction du gouverneur colonial pouvait envoyer un représentant au parlement français. L'élection de Barthélémy Durand Valentin le 4 Novembre 1848 avait ouvert la domination politique des députés blancs puis métis. En 1914, Blaise Diagne le premier député noir fut élu, remplacé à sa mort en 1934 par Ngalandou Diouf puis par Léopold Sédar Senghor et Lamine Gueye. Depuis 1916, ces représentants au parlement étaient élus par un double collège électoral composés de citoyens français qui étaient les natifs des 4 communes de plein exercice ( Dakar, Gorés, Rufisque et Saint Louis.) et d’indigènes.

L'expression du vote par les citoyens

Après la colonisation, le Sénégal indépendant n' a jamais perdu cette tradition démocratique basée sur le choix politique des dirigeants du pays par l'expression du vote par les citoyens sénégalais. De Léopold Sédar Senghor jusqu' à ces élections du 31 juillet 2022, chaque sénégalais et observateurs étrangers peuvent avoir son opinion sur l'organisation des élections et les résultats issus des urnes surtout quand ces derniers donnaient des chiffres astronomiques au pouvoir en place, mais nul ne peut douter que les sénégalais ont une culture démocratique car ont toujours cru en l'organisation d'élections comme système d'alternance politique. De toute façon, la démocratie répondait aux exigences du monde démocratique. La C.E.E. ( communauté économique européenne) aujourd'hui U.E. ( union européenne) avait enclenché une internationalisation des valeurs de la démocratie, des droits de l'homme et des libertés humaines fondamentales par le biais de la politique de la coopération. Exemple la convention de Lomé IV signée entre la C.E.E. et les pays A.C.P. ( Afrique, Caraibes, Pacifique) en décembre 1989 avait envisagé la inconditionnalité de la démocratie au niveau de ses traités; en un mot la C.E.E refusait de signer d'accords avec les pays sans démocratie. Sur cette même lignée, le sommet de la 16° conférence des chefs d'Etat d'Afrique et de France avait exigé par la voie du président François Mitterand le 20 juin 1990 de relier l'aide publique à une démocratisation par un passage au multipartisme. Aussi bien la C.E.E aujourd'hui U.E. et au sommet de la Baule, le Sénégal était cité en exemple pour ses principes démocratiques. Cela s'explique par notre histoire politique mais aussi par notre culture et nos traditions compatibles avec la démocratie occidentale. L'exigence démocratique de débattre, de négocier et d'expliquer pour donner libre choix à l'individu peut s’identifier avec le point de vue de nos religions musulmane et chrétienne qui dénoncent toutes contraintes en religion ; donc la liberté de l'individu d'un choix libre, le rôle principal du débat public et de la confrontation des idées peut être identifié à la place publique ou l'arbre à palabre au Sénégal. Ce lieu traditionnel de rassemblement sous l'ombre d'un grand arbre où toute la communauté s'exprime sur la vie en société, les problèmes du village voire du terroir et sa politique de gestion, sur la vie en société.

Manque de débats et de prises de position personnelles

Ces élections législatives du 31 juillet 2022 constitue à tout point de vue le summum de l'histoire de la démocratie sénégalaise. On peut même affirmer que c'est le " summum bonum" pour décrire l'importance ultime ; cet objectif final recherché en parfaite démocratie. La plus vieille démocratie de l'Afrique ( je suis tenté de dire la seule démocratie africaine ) a encore montré qu'elle dispose encore de grandes réserves de vigueur démocratique qui surprend plus d'un. Les sénégalais par ce 31 juillet ont définitivement oublié la phase infantile ou primaire de la démocratie faite de domination claire et expressive du parti au pouvoir; la majorité et la maturité de la démocratie sénégalaise ont été atteintes. Chaque acteur en fonction de son orientation ou de son rôle dans ce processus électoral s'est exprimé librement exposant ce qu'il croit important et intéressant pour le peuple, portant même certains observateurs à parler de tohu bohu et de confusion totale dans les discours et les déclarations. C'est au grand bonheur de tous les sénégalais et les spécialistes de la chose démocratique; " seule la démocratie bruyante, elle inspire la liberté d'expression , de donner son opinion; mais la dictature quant à elle est silencieuse par manque de débats et de prises de position personnelles". Certes la perfection n'est pas de ce monde, mais dans un cadre général, tous les observateurs nationaux comme étrangers ont salué tout le processus électoral tant par l'organisation presque parfaite, la participation des citoyens et par le respect des jeux démocratiques par tous les candidats en lice. La mission d'observateurs de la CEDEAO a salué le bon déroulement du scrutin et a accordé le satisfecit au peuple sénégalais, la CEMAC (communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale) a noté le caractère transparent des opérations de dépouillement, de décompte et d'annonce des résultats partiels des représentants des partis et des observateurs électoraux et la mission des observateurs de l'U. A. (union africaine) s'est réjoui du bon déroulement du scrutin dans un climat apaisé conformément au code électoral. Last but not least, les résultats officiels des législatives et la nouvelle composition de l'assemblée nationale sénégalaise ont levé tout doute, toute incertitude, toute perplexité, tout équivoque sur la démocratie sénégalaise. La principale critique des institutions européennes et de la presse occidentale est la proclamation des résultats avec des majorités soviétiques pour le parti au pouvoir. Ce phénomène rendait impossible toute possibilité de débat démocratique; les grandes majorités mécaniques favorables au pouvoir en place est un facteur bloquant indéniable à tout débat démocratique. Avec les élections de 2022, le Sénégal a rejoint toutes les normes de toutes les démocraties occidentales; aussi bien en France ou en Italie, le parti au pouvoir ne dispose pas d'une majorité absolue à l'assemblée. Ces résultats installent désormais un climat de dialogue, de négociations et de manoeuvres avec une partie de l'opposition pour toutes décisions: la majorité mécanique est un frein à toute démocratie. Malheureusement la démocratie sénégalaise a une fausse note et non des moindres; elle ne dispose pas de média de son nom. Les média ont depuis leur origine joué un rôle clef dans le processus démocratique. Les média ont le devoir le plus important de tout système démocratique; celui d'informer les citoyens en les aidant à comprendre les procédés de la démocratie et du gouvernement.. C'est un quatrième pouvoir jouant le rôle de contre pouvoir aux trois exécutif, législatif et judiciaire de l'Etat: " le métier de journaliste n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tord, il est de porter la plume dans la plaie". Malheureusement au Sénégal, c'est tout le contraire; pour s'informer juste et vrai au Sénégal, il ne faut pas suivre les média sénégalais. Aucun sénégalais du plus averti au moins averti, du super intellectuel à l’analphabète ne peut affirmer qu'une information des média sénégalais est vraie ou fausse. Des média partisans et adeptes de la partialité qui font du mensonge et de l’invraisemblable leur méthodologie d'informer ont mis la démocratie sénégalaise en danger. La conviction des hommes de média au Sénégal est que un bon journaliste doit montrer toute sa verve pour critiquer les hommes et les institutions de l'Etat en étant acerbe même si les paroles et les écrits ne reposent pas sur du vrai; c'est le nouveau mode pour être un bon journaliste. Aujourd'hui 16 millions de sénégalais souffrent d'infobésité avec des informations totalement fausses ou totalement inventées à des fins d’intérêts pécuniers ad personam. Les média donnent des informations qui ne servent ni les citoyens, ni la société sénégalaise, ni la démocratie avec un aspect dangereux pour la stabilité sociale. Les média sénégalais en ces périodes d'élections produisent et diffusent des contenus pervers capables de manipuler des jeunes sans respect des normes, des réglés et des lois du jeu démocratique. La seconde faille de notre démocratie est le comportement abject, incorrect, immoral et amoral de la jeunesse politique adepte des insultes, des coups bas, de banditisme et de délinquance qui frôlent le terrorisme et surtout d'invective avec un langage offensif, vénéneux, une forme d'expression grossière ou de discours destiné à offenser ou blesser au vitriol que les média sénégalais sans aucune forme d'éthique et de déontologie mettent à la UNE: " la démocratie est le gouvernement des mal éduqués et l'aristocratie est celui des non éduqués"

Magatte Simal C.A.D.E.E.S ITALIE

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