L'Italie : de l'émigration à l'immigration incontrôlable

23 - Avril - 2023

L’Italie a toujours été un pays d'émigration. De 1861 jusqu'à nos jours, les italiens pour les mêmes raisons qui poussent les africains à quitter leur continent, avaient quitté et continuent actuellement à quitter leur pays pour chercher à améliorer leurs conditions de vie en Europe occidentale, du nord, en Angleterre, en Australie et dans les Amériques. Le plus grand exode de l'histoire moderne est celle des italiens en 1861 ; 24 millions d'italiens avaient quitté la grande péninsule. Ainsi entre 1876, l'année du premier grand recensement officiel des expatriés et 1998, année pendant laquelle l'émigration italienne commence à s'estomper de manière décisive plus de 30 millions d'italiens ont quitté la grande botte pour chercher du travail et de meilleures conditions de vie difficiles à trouver chez eux. Devant ces départs massifs, l'Etat italien était obligé par des textes officiels et par des lois d'encadrer et de régulariser l'émigration en préparant le retour en cas de fiasco du projet migratoire. Le 18 janvier 1873, une circulaire du premier ministre Lanza avait repris celle de 1868 pour imposer aux émigrés italiens de présenter un engagement écrit pour s'engager à payer le prix du voyage de retour au pays auprès des services consulaires italiens dans les pays d'accueil en cas d'insuccès du projet migratoire. Cette circulaire «LANZA" avait influencé la " BOSSI- FINI qui voulait exiger du patronat italien de signer un accord pour prendre en charge le billet retour du travailleur saisonnier. L'histoire de l'émigration italienne commence à s'estomper à partir de 1973. Cette année l'Italie a connu son premier excédent migratoire avec 101 entrées d'immigrés en Italie pour 100 expatriés italiens. L'Italie a connu deux véritables périodes d’émigration : de 1861 jusqu'au début des années 20 du 20° siècle avec l'arrivée du fascisme, puis de la seconde guerre mondiale jusqu'au début des années 70. C'est un phénomène qui intéressait les régions septentrionales du Veneto, de Friuli- Venezia- Giulia et du Piémont : trois régions qui avaient fourni 47% du contingent d'émigrés. Ensuite le phénomène est passé aux régions du sud italien marqué par une pauvreté due au manque de terres d'agriculture. Envions 3 millions avaient quitté les régions de Calabre, de Campagne et de Sicile. Depuis 2008, avec la crise du travail jusqu'à cette année plus de 100 milles jeunes dont des diplômés laissent leur pays pour d'autres nations européennes à cause du salaire bas italien. L'Italie a véritablement connu le phénomène de l'immigration dans les années 70 avec l'arrivée des premiers tunisiens dans la région des Pouilles (Puglia) et des femmes de religion catholique sud-américaines et africaines surtout du Cap Vert pour le métier de femmes de ménages et domestiques. Ensuite dans les mêmes années 70 sont arrivés en Italie beaucoup de Yougoslavie pour participer à la reconstruction de la région de Friuli dans le nord de l'Italie détruite par des tremblements de terre. Au début des années 80, l'immigration italienne attira les autres citoyens du Maghreb surtout marocains et algériens. Au début des années 90 l'Italie est confrontée à la première migration de masse des albanais et des autres européens de l'Est avec la chute des dictatures communistes. Le 8 Aout 1991 en pleines vacances d'été, le navire marchand Vlora venant de Cuba chargé de sucre de canne est envahi par 20.000 albanais tous débarqués dans le port de Bari. En mars 1991, des milliers et des milliers d'albanais étaient déjà arrivés à Brindisi toujours le sud de l'Italie en trois nuits. Ce débarquement de Boat people continua jusqu'en 1999 avec la guerre du Kosovo. Ces années 90 marquées par le boom industriel de l'Italie et la nécessité de main d’œuvre ont ouvert les portes de l'Italie à l'immigration massive venant d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine et de l'Europe centrale et orientale d'autant plus qu'en ces temps-là le visa d'entrée en Italie n'était pas encore établi à 100%. Pour gérer l'immigration massive pour les nécessités de la main d'œuvre dans tous les secteurs de l'économie nationale surtout pour les travaux pesants, sales et dangereux que les italiens ne voulaient pas faire, l'Italie a mis en place des systèmes administratifs de gestion du phénomène migratoire. A ce jour l'Italie a connu 4 grandes mesures administratives de régularisation des immigrés qui mis en règle la grande majorité des immigrés arrivés clandestinement en Italie. Ces mesures administratives ont pour nom la circulaire ministérielle de 1990 ou loi Martelli du nom de Claudio Martelli vice-président du conseil du gouvernement de Giulio Andreotti, puis en 1995 le décret Dini du nom de Lamberto Dini président du conseil des ministres du 17 janvier 1995 au Mai 1996, puis la loi numéro 40 de 1998 ou loi Turco- Napolitano qui fut la première loi pour l'introduction d'un système normatif italien appelé texte unique sur l'immigration; il fut établi par Livia Turco ex ministre de la santé et affaires sociales et Giorgio Napolitano ministre de l'intérieur du gouvernement Prodi. La plus grande mesure administrative qui a régularisé plus de 700. 000 immigrés est la loi Bossi- Fini. C'est la loi 189 du 30 juillet 2002 qui apporté beaucoup de réformes et de changements sur le texte unique de l'immigration de 1998. Celles-ci selon les signataires " disciplinent l'immigration en Italie". Tous deux Umberto Bossi et Gianfranco Fini vice-président du conseil derrière Berlusconi ont été fortement contestés à tort ou à raison par tous ceux qui interviennent dans l'immigration. La cinquième régularisation en 2012 du gouvernement Monti et la sixième par le décret n° 34 de 2020 n'ont pas donné de grands résultats à cause des procédés administratifs compliqués. A ces mesures administratives de régularisation massive, il faut y ajouter les flux saisonniers qui sont des formes de régularisation sélective ; c'est le cas du décret flux de 2023 qui autorise l'entrée de 82705 extracommunautaires dont 44.000 comme travailleurs saisonniers surtout dans le secteur de l'agriculture et de l'élevage. Régularisation et flux ne sont gratuites ; il faut débourser au minimum 1.000 Euro pour la demande. Selon les statistiques de l'observatoire des immigrés de l’I.N.P.S. (institut national de prévoyance retraite) en 2020, 3760421 travailleurs sont présents dans ses bases de données dont 3.192.588 soit 84,9% sont des travailleurs en activités, 266.924 soit 7,1% sont des retraités. Selon l'I.N.P.S. 2.715.162 sont des employés avec un salaire minimum annuel de 12.950, 71 Euro. Parmi eux 1.897.937 sont dans le secteur non agricole avec un salaire annuel de 15. 065,44 Euro, 284.649 dans le secteur agricole avec un salaire annuel de 7.769, 56 Euro, 532.576 sont des domestiques avec un salaire minimum annuel de 8183, 67 Euro. 266.924 immigrés retraités ont un salaire minimum annuel de 10.682, 86 Euro. Analysant l’histoire de l'immigration italienne, la régularisation de 2002 par la loi Bossi- Fini a été le facteur d'une augmentation spectaculaire avec plus de 700.000 régularisations. Puis de 2011 à 2020, prise dans sa totalité l'immigration a connu une augmentation en dents de scie : entre 2011 et 2012 +3,7%, - 2,3% en 2012, - 0,9% en 2014, puis une reprise de 2015 à 2019 avec respectivement de +1,7% à +3,7% en 2017 et +2,2% en 2019. La baisse de 2,2% en 2020 s'explique par les crises multiformes de la pandémie de la Covid 19 ; ainsi de de 3,8 millions d'immigrés en 2019, on est passé en 2020 à 3,7 millions. Les 6 nationalités d'immigrés les plus nombreuses en Italie sont les roumains avec 18,9%, les albanais 9,3%, les marocains 7,6%, les chinois 5,5%, les ukrainiens 4,6% et les philippins 3,3%. Au 1° janvier 2020, 106. 198 sénégalais réguliers vivent en Italie auxquels il faut y ajouter des centaines de clandestins sénégalais. 61% du total des immigrés en Italie vivent dans le Nord, 23,9% dans le centre et 15,1% dans le sud. Actuellement le grand problème de l'immigration en Italie est l'arrivée massive des clandestins à partir de la Tunisie et de la Libye. Du 1° janvier au 10 Mars 2023, 17.592 clandestins ont débarqué en Italie. De 2018 à 2022, le nombre de clandestins débarqués en Italie ne cesse d'augmenter : 5.500 en 2018, 1.100 en 2019 (Covid), 5.300 en 2020, 10.300 en 2021, 5975 en 2022. Cette situation impossible à gérer a obligé le gouvernement du premier ministre Giorgia Meloni à déclarer l'Etat d’urgence pour 6 mois par la décision du conseil des ministres du mardi 11 Avril 2023. Pour lutter contre l'immigration clandestine, le gouvernement Meloni a décidé d'éliminer la protection spéciale des demandeurs d'asile. C'est un permis de séjour pour protection spéciale introduit par le gouvernement Conté par la loi 132 de 2018 ; un permis de deux ans pour les demandeurs d'asile qui n'ont pas encore la protection internationale des réfugiés.

Magatte Simal C.A.D.E.E.S. Italie

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