L'intégration des immigrés sénégalais selon l'O. C. D. E

27 - Novembre - 2022

L'organisation de coopération et de développement économique est une organisation internationale d'études économiques dont les pays membres sont pour la plupart des pays développés de gouvernement démocratique et d'économie de marché. Elle est née en 1961 sur les cendres de l'O.E.C. E (organisation européenne de coopération économique) fondée en 1948 pour la gestion du plan Marshall. Organe d'études économiques, l'O.C.D.E. s'est élargie en 1964 au-delà de la dimension européenne pour intégrer les U.S.A., le Canada et le Japon ; elle a son siège à Paris. Consciente de l'impact positif de l'immigration dans les pays membres de l'O.C.D. E, celle-ci examine certaines dimensions de l'intégration sociale de la diaspora sénégalaise. L’O.C. D.E évalue l'intégration des immigrés sénégalais dans les pays d'accueil à travers la maîtrise de la langue, le niveau d'études et surtout l'acquisition de la nationalité.
L'intégration des sénégalais dans les pays d'accueil passe nécessairement par les compétences et la pratique de la langue nationale des pays de destination. Selon l'O.C.D.E. au-delà du niveau général d'études des immigrés sénégalais, leurs compétences en littératie, en numératie et leur maîtrise parlée et écrite de la langue du pays de destination sont des facteurs primordiaux de leur intégration sociale en plus d'être des déterminants de leur insertion dans le marché du travail. Ces compétences permettent de participer à la vie économique et sociale de la société d'accueil et facilite leur accès à l'information sur les immigrés et l'immigration à travers les textes de loi qui les concernent, accès aux services publiques et aux institutions étatiques. Ces compétences et ces pratiques de maîtrise de la langue du pays d'accueil permettent aux sénégalais de la diaspora de faire prévaloir les droits auxquels ils peuvent prétendre comme ayant droit. Selon l'O.C.D.E, les immigrés sénégalais ont moins de maîtrise en littératie et en numératie que l'ensemble des immigrés de ses pays membres. Selon les données du programme pour l'évaluation internationale des adultes, le niveau des sénégalais âgés de 16 à 65 ans dans les pays de l'O.C.D.E en littératie et en numératie était inférieur à celui de l'ensemble des immigrés et de la population nées dans les pays membres.
Les scores moyens en littératie et en numératie des immigrés sénégalais étaient inférieurs de 36 et 48 points respectivement par rapport à ceux obtenus par l'ensemble des individus nés hors des pays de l'O.C.D.E.

Littératie et numératie
La littératie est la capacité à comprendre et à utiliser l'information contenue dans des textes écrits pour développer des connaissances et des aptitudes. La compréhension des textes écrits est étroitement liée à des résultats satisfaisants dans le cadre du travail, à la participation sociale et à l'apprentissage dans les métiers.
La numératie est la capacité à utiliser, à appliquer, à interpréter et à communiquer des idées et des informations mathématiques. Il s'agit d'une compétence essentielle dans la vie quotidienne et l'insertion dans le travail des immigrés.
Littératie et numératie sont un baromètre pour la compréhension de la langue du pays d'accueil. Elles facilitent l'insertion dans le marché du travail, l'accès à l'information pour connaitre leurs droits à la naturalisation et leurs devoirs comme travailleurs, immigrés et citoyens et en général une condition pour obtenir un titre de séjour. Exemple aux U.S.A. membre de l'organisation internationale, selon une étude de 2017 / 2019, 90% des immigrés sénégalais parlent très bien l'anglais, voire uniquement l'anglais et explique leur parfaite intégration sociale.
Le second facteur de l'intégration sociale des immigrés sénégalais est l'acquisition de la nationalité des pays d'accueil. De 2000 à 2019, le nombre d'acquisition de la nationalité par les immigrés sénégalais a été multiplié par 5 passant de 2000 à 9700. La grande majorité des acquisitions de nationalité par les immigrés sénégalais ont eu lieu en France. Plus de 78% des acquisitions de nationalité étaient françaises en 2000 pour chuter à 31% en 2019 ; jusqu'en 2010, les U.S.A et l'Espagne étaient les deux pays qui délivraient le plus de nationalités après la France suivis de l'Italie et du Canada. En Espagne, le nombre de sénégalais naturalisés a été multiplié par 15 de 2001 à 2019 et par 4 aux U.S.A. De même le nombre d'acquisition annuelle de la nationalité italienne a été multiplié par 15 entre 2007 et 2019 dépassants le nombre d'acquisition de nationalité française.
Entre 2015 et 2016, 35% des immigrés sénégalais résidant dans les pays O.C.D.E avaient la nationalité du pays d'accueil derrière les béninois 54% et les togolais 60%. Entre 2015 et 2016, les immigrés sénégalais ayant acquis la nationalité italienne étaient de 11% et 7% pour la nationalité espagnole, 59% en France, 49% aux U.S.A., 44% en Belgique, 46% aux Pays Bas et 48% au Canada.
Les différences de proportions d'immigrés sénégalais ayant la nationalité des pays de l'O.C.D.E. s'expliquent par les différences de législation pour l'obtention de la nationalité. Dans les pays de l'organisation internationale, beaucoup d'immigrés sénégalais ont obtenu la nationalité du fait que leurs parents ont déjà la nationalité ; c'est le système du Ius sanguinus. En France 45% des sénégalais sont nés en France, ils sont 11% aux Etats Unis et 4% au Canada. Dans des pays comme l'Italie, la durée de séjour est un critère important pour être naturalisé ; il faut une résidence de 10 ans, par contre aux Etats Unis, en France et au Canada elle est de 5 ans.

Acquisition de la nationalité des pays d'accueil
L'accès à la nationalité des immigrés sénégalais varie aussi en fonction de leurs caractéristiques socio- démographiques. Près de la moitié des femmes immigrées nées au Sénégal ont acquis la nationalité française contre 38% pour les hommes ; cela s'explique par le fait qu'avec le regroupement familial, la femme rejoint un mari déjà citoyen qui permet de suivre le statut de son mari. Le principal facteur qui bloque les sénégalais dans les procédures d'acquisition de la nationalité est l'exigence administrative d'un diplôme de la connaissance de la langue, de la culture, de l'histoire et des institutions du pays d'accueil. Exemple en Italie il faut présenter un diplôme " B1" en langue italienne qui est quasi un niveau d'étudiant. En Italie d'après une enquête scolaire et sociale des immigrés de seconde génération réalisée en 2015, les élèves des collèges et lycées d'origine sénégalaise avaient une moins bonne maîtrise de la langue que les autres élèves nés à l'étranger. 40% des élèves nés au Sénégal affirment parler et lire très bien l'italien contre 54% pour les autres étrangers, 48% comprennent un texte contre 66% pour les autres étrangers.
La première explication de cette faiblesse est à chercher dans le milieu social et familial où les parents sont à 100% analphabètes, ensuite les sénégalais socialement vivent à la périphérie de la société italienne. Cet obstacle linguistique n'existe pas en France, car la langue officielle des sénégalais est le français.
D'après cette même étude sur les immigrés de seconde génération, 20% des élèves d'origine sénégalaise souhaitaient vivre hors d'Italie dans le futur car ils affirmaient s'entendre moins bien et passer moins de temps avec leurs camarades italiens. 80% parmi eux d'un parent immigré sénégalais chercheraient à vivre dans un autre pays de l'O.C.D.E. ; cela se réalise de plus en plus car quasi tous les jeunes sénégalais ayant acquis la nationalité italienne sont entrain de quitter l'Italie. Malheureusement la communauté sénégalaise ne fait rien pour remédier à cette situation en travaillant dans un projet d'inclusion dans la société italienne en respectant les règles sociales, culturelles et étatiques italiennes.

Intégration hétérogène
Selon l'O.C.D.E. l'intégration des immigrés sénégalais est relativement hétérogène cachant les inégalités notables selon leurs caractéristiques socio- démographiques mais aussi selon le pays d'accueil. Dans les pays francophones où la langue n'est pas une barrière et aux U.S.A où les sénégalais maitrisent bien l'anglais, l'intégration est beaucoup plus fluide et devient une étape nécessaire à la participation à la vie civique, politique et nationale et impacte positivement les secondes générations d'immigrés.
Par contre en Italie où la maitrise de la langue est plus difficile, les sénégalais ne vivent que physiquement dans la " grande botte" et mènent une vie de grosses fourmis. Ils y cherchent de l'argent pour tout dépenser au Sénégal : conséquences négatives pour leurs enfants nés ou grandis en Italie qui ne connaissent que l’échec scolaire, difficultés d'intégrer le marché du travail qui exige un minimum de formation professionnelle, délinquance juvénile, récupération de jeunes enfants sénégalais par les services sociaux pour les rééduquer, et pire les jeunes sénégalais naviguent entre trafic de drogue et prisons.

Magatte Simal
C.A.D.E.E.S Italie

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