Entretien avec Pape Sarr, Président de la Fédération des Sénégalais de la Diaspora : “Les chemins de la migration sont parsemés d’embûches et de difficultés”

12 - Juin - 2022

Pape Sarr, Président de la Fédération des Sénégalais de la Diaspora connu pour son franc parler a accepté de répondre aux questions de notre reporter. Entretien

Monsieur Sarr pouvez vous revenir sur les objectifs de la Fédération des Sénégalais de la Diaspora ?
Le contexte mondial de crises récurrentes et multiformes oblige les êtres humains à plus de réflexions et d’attentions pour un meilleur vivre ensemble sur la planète. Pour les sénégalais de l’extérieur il doit se traduire par une meilleure identification et une géo-localisation des sénégalais de l’extérieur dans une optique de mutualisation et d’organisation. Globalement il s’agit de donner vie à notre slogan qui proclame une diaspora unie et engagée pour le développement du Sénégal. Cela consiste
- à veiller à trouver des leviers pour mettre en place ou participer à la mise en œuvre de fonds de solidarité et d’investissement : capable de soutenir les efforts et initiatives économiques, mais aussi de soulager les nombreuses difficultés de survie et autres déconvenues
- à créer plus de protections en mettant en place des solutions d’assistance juridiques et des assurances (santé, vie, décès, assistances, et rapatriement de corps)
- à trouver des solutions d’habitats accessibles et maîtrisés au travers de garanties d’état sur la légalité du foncier et des promotions immobilières
- à appuyer et favoriser le retour et la réinsertion au Sénégal
- à porter des plaidoyers en faveur d’une meilleure prise en charge de nos préoccupations dans les pays d’accueil et au Sénégal

On remarque hélas que les Sénégalais de la diaspora peinent à parler d’une seule voix .Quelle en est la cause selon vous ?
Les chemins de la migration sont parsemées d’embûches et de difficultés de tous ordres. Cela renforce la méfiance et le repli naturel d’auto protection et cela se ressent les efforts d’organisation et d’union. Il ya toujours cependant des tentatives d’organisation a travers des associations de sénégalais dans tous les pays d’accueil mais elles sont souvent plombées par cette méfiance récurrente et parfois justifiée. Les sénégalais de l’extérieur sont souvent victimes d’abus et d’arnaques de toute sortes et cela affecte la sincérité des engagements et toute agitation dans le sens de la mutualisation souffre de la lancinante question pourquoi ? Or les défis et challenges pour l’organisation internationale des sénégalais de la diaspora ne peuvent se faire qu’avec ceux qui disent pourquoi pas. Ceux la ne sont pas les plus nombreux mais ils arriveront à force de volonté et de persévérance à impulser la seule dynamique unitaire qui vaille : parler d’une seule voix

M. Sarr on voit que presque tous les candidats (députés ) de la diaspora ont été proposés par les formations politiques et non par les Sénégalais de la diaspora. Qu’en pensez vous ?
C’est un grand désastre quand on sait que des organisations comme la FSD sont aujourd’hui à compter parmi les déclencheurs de cette aubaine que constitue les députés de la diaspora. Notre pétition de 2015 qui a été validée et qui nous permet aujourd’hui de choisir nos propres représentant est biaisé par le fait que nos organisations porteuses sont à politiques et nous continuons d’être manipulés par les coalitions politiques alors mêmes que la constitution permet aux organisations civiles capable de transcender les paliers politiques pour un idéal commun, de concourir et de choisir valablement des députés qui nous ressemblent et qui correspondent à l’idéal des députés de la diaspora dédiés à la diaspora. Nous avons essayé de réunir les candidats membres de la FSD pour assoir un chemin et des alliances citoyennes pour porter leur candidature mais nous nous sommes heurté à la force des coalitions politiques qui ont été plus persuasives. Mais le choc des investitures et les nombreuses déceptions vont renforcer dans le futur les organisations de la diaspora pour une meilleure prise en charge de ces préoccupations. Au finish très peu de coalitions ont investi des candidats dans les 8 départements de la diaspora et les noms qui nous parviennent n’ont aucune résonance connue à une ou deux exceptions près. On va donc sûrement se retrouver avec des députés sans base sociologique sur leur propre territoire et qui seront donc inutiles pour la communauté diaspora à l’assemblée nationale.

La Fédération a-t-elle une position officielle par rapport aux législatives ?
La FSD se garde de donner une position par rapport aux législatives mais il arrivera un moment où nous serons contraints et forcés de trouver les artifices permettant de formaliser et faciliter le choix de dignes représentants de la diaspora à l’assemblée nationale. L’affiliation politique n’est pas un frein à ça mais les candidats de demain pour la FSD devront être des candidats fans le cadre de paliers civiles même si pour plus de clarté ils devront révéler leur affiliation politique si elle existe. A défaut de pouvoir porter ces candidatures nous devront vite atteindre cette masse critique d’affiliés agissants pour pouvoir contraindre les politiques à choisir les candidats agréés par nos organisations. Cela appelle de notre part des passerelles entre les organisations sur les territoires pour pouvoir appeler ensemble à voter pour des listes choisies en fonctions des candidats proposés a la légitimité d’honorabe député selon leur probité et leur représentation dans les territoires de la diaspora.

M. Sarr le débat politique vole tout bas . Le débat d’idées a fait place aux insultes et invectives. Quel commentaire en faites vous ?
Internet et les réseaux sociaux ne nous ont pas fait que du bien puisqu’ils sont aujourd’hui le réceptacle premier des insultes et invectives dont vous parlez. Notre contrat social est fait nativement de règles de base sociologiques qui sont le lit de nos valeurs. Ces valeurs doivent servir de socle avant même qu’on ne puisse parler de principes et de méthodes. En libérant la parole et en donnant la possibilité à tous le monde de s’exprimer sur tout et n’importe quoi on sème un désordre sans commune mesure sur la vie politique de manière générale. Cela appelle des régulations nouvelles à inclure désormais dans le contrat social. Tout va très vite et l’effet leapfrog combine le bon et le mauvais d’intérêt et des réseaux sociaux. Il va falloir sévir et rééduquer parce que contrairement à ce que les gens pensent tout est traçable sur internet et il ya lieu de dénoncer et de punir ceux qui se mettent en marge de la bienséance. Ils sont plus nombreux dans la diaspora à se croire hors d’atteinte et à insulter et promouvoir le vice et l’incorrection. Avec un groupe d’amis nous avons mis sur pied une brigade citoyenne qui va collecter les IP d’insulter pour identifier les insulteurs et autres utilisateurs de données personnelles d’autrui pour nuire, tellement ce phénomène est dévastateur. Tant pis si ça ressemble à de la délation numérique. La vie des gens mérite respect même en politique.

Que pensez vous de l’insécurité qui règne au Sénégal . Quelle en est la responsabilité de l’état ?
L’état a une responsabilité régaliennes en toute circonstances et quelque soit la thématique. Mais l’éducation par exemple obéit d’abord à un principe de subsidiaire. Cela signifie que la famille éduque en premier chef pour permettre à l’état de mieux assumer sa responsabilité régalienne. Or pour plusieurs raisons les structures familiales sont devenues très délétères et l’éducation peine à être un frein aux délinquances, agressions, vols, meurtres et crimes de toute sorte. Il va sans dire que l’état tout seul n’y arrivera pas et comme la territorialisation des politiques publiques peinent à atteindre l’efficience prônée par l’acte trois de la décentralisation nos quotidiens continuent de s’accommoder de ces affres terribles que les populations prennent en charge de plus en plus par des réponses disproportionnées qui finissent souvent par des morts d’homme. Ça s’appelle la régulation par l’état de nature et c’est tout aussi terrible. Nous devons tous inciter à la vigilances au vivre ensemble pour pouvoir identifier nos amis parents et voisins défaillant à éduquer comme il faudrait ou qui échouent à éduquer pour que les autorités de l’état soient saisies a temps et prennent à bras le corps les incivilités. Il faut dire cependant que la médiatisation à outrance ou la surmédiatisation facilitée par les partages quotidiens et redondants sur WhatsApp et autres est un épiphénomène qui renforce le sentiment d’insécurité sans qu’on puisse déterminer avec précision s’il ya plus ou moins de d’insécurité sur des périodes données.

Quelle est celle des parents ?
Les parents doivent reprendre leur responsabilité civile de parents vis-à-vis de leurs enfants et de leur famille. Comme je l’ai dit plus haut c’est du résultat de leur éducation première que dépend l’impact en termes d’insécurité dans chaque territoire. A ce niveau aussi une solution de vigilance et d’alerte existe dans cette diaspora qui observe son pays et qui propose les solutions de nos territoires d’accueil et des solutions éprouvées de ces mêmes types de failles de sécurité dans nos sociétés. L’ignorance et le manque d’occupations et de revenus servent souvent de déclencheurs à ces comportements non appropriés dans notre société.

Le président Sall rend visite au Président Poutine .quelles peuvent en être les opportunités selon vous ?
Il faut saluer cette visite au Président Poutine qui rentre bien dans le cadre des attributions de Président en exercice de l’Union Africaine. On peut se féliciter que la réponse de Poutine soit aussi diligente au point que des solutions soient entrain de d’être mises en œuvre pour débloquer les boîtes maritimes permettant d’acheminer les exportations de l’Ukraine en direction de nos pays. Mais également la Russie de Poutine s’engage à fournir les céréales et matières premières nécessaires à la survie et à la stabilité des prix dans nos économies fragiles. Dans le même temps ces choses exogènes de la crise sanitaire liée à la Covid 19 et à la guerre d’Ukraine doivent nous rappeler l’impérieuse nécessité d’aller vers une autosuffisance sur le plan alimentaire avec des céréales qui s’acclimater à nos terres et à nos climats et précipitations dans un contexte de réchauffement global et de recherche de développement durable. Des pays comme ceux de l’Uemoa ont dépassé le taux d’inflation de 3% recommandé et se situent à 7%. Si rien n’est fait on court vers une croissance à deux chiffres qui risquent de mettre en dangers ou d’aggraver tous les facteurs de stabilité des pays. Dieu veille sur le Sénégal, sur l’Afrique et le Monde.

Entretien : Malick Sakho

 

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