Pour faire face à l’avancée inquiétante de la dégradation des terres cultivables à travers le pays, l’Institut National de Pédologie (INP) intensifie ses efforts pour proposer des solutions durables et adaptées aux enjeux agricoles du Sénégal. En s’appuyant sur des données scientifiques et une approche territorialisée, cette structure technique du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage (MASAE) œuvre à restaurer la productivité des sols, enjeu central pour la sécurité alimentaire nationale. Depuis plusieurs années, l’appauvrissement des sols au Sénégal menace les rendements agricoles, fragilise les exploitations familiales et met en péril la résilience des écosystèmes agricoles. En réponse à cette situation, l’INP a initié des actions ciblées sur le terrain dans le but d'enrayer la perte de fertilité et remettre les terres dégradées en état de production durable.
Dans la zone des Niayes, considérée comme un pôle horticole majeur du pays, l’INP a confié la coordination territoriale à Ndeye Awa Sow, ingénieure agronome spécialisée en génie rural et doctorante en sciences agronomiques à l’Université de Thiès. Sa mission consiste à superviser les activités de terrain visant à restaurer la qualité des sols, facteur déterminant pour la productivité agricole.
"La qualité des sols conditionne directement les performances agricoles, et donc la sécurité alimentaire au niveau national", a-indiqué Ndeye Awa Sow.
Sous sa houlette de l'ingénieure agronome, l’INP met en œuvre un programme national d’amendement des sols, reposant sur des analyses scientifiques rigoureuses et des expérimentations en milieu réel. Le programme s’appuie sur une note conceptuelle validée par le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, visant à améliorer les pratiques culturales et à corriger les déficiences du sol. Les solutions préconisées varient selon les besoins locaux comme l'utilisation de matières organiques pour enrichir les sols pauvres, apports calcaires pour corriger l’acidité, ou encore incorporation de biochar pour améliorer la structure des sols. Mais également l'information, l'accompagnement et la formation des producteurs. Mais au-delà de l’aspect technique, l’INP insiste sur l’importance d’une utilisation rationnelle des intrants agricoles, puisque, si leur mise à disposition est indispensable, leur efficacité dépend étroitement des pratiques agricoles. Consciente de cet enjeu, l’institution a lancé une campagne nationale de sensibilisation dans 7 zones agricoles du pays. À travers cette initiative, elle entend former les producteurs sur les meilleures pratiques d’épandage, les dosages recommandés et les périodes d’application les plus appropriées.
"Il ne suffit pas de livrer des amendements aux producteurs, encore faut-il qu’ils sachent comment les utiliser de manière efficace et durable", souligne Mme Sow. Pour cela, des outils pédagogiques, des démonstrations de terrain et un appui technique de proximité sont mobilisés pour accompagner les producteurs dans le changement de leurs pratiques.
Poursuivant, elle dira que l’action de l’INP s’inscrit dans une démarche de transition agroécologique, qui allie protection des ressources naturelles, amélioration des rendements et adaptation au changement climatique. À travers ses différentes interventions, l’institut contribue à renforcer la résilience des écosystèmes agricoles et à sécuriser les moyens de subsistance des communautés rurales.
"Assurer la santé de nos sols, c’est aussi assurer notre sécurité alimentaire et notre souveraineté", affirme la patronne de cette structure. C'est à ce titre que l’INP entend jouer pleinement son rôle dans la revalorisation durable des terres agricoles sénégalaises.
Aly Saleh