Les enfants des immigrés : entre perte d'identité et précarité sociale

06 - Novembre - 2022

En 2020 la population de l'union européenne a baissé d'environ 100.000 personnes passant 447, 3 millions le 1° janvier 2020, à 447, 2 millions le 1° janvier 2021 à cause de la baisse drastique du taux de natalité, de l'augmentation du nombre de décès accéléré par la Covid 19 et la vieillesse de la population et la baisse du solde migratoire à cause des restrictions de déplacement pour enrayer la propagation du virus de la Covid 19. Sans migration, la population européenne aurait diminué d'un demi-million en 2019, étant donné qu’en Europe 4,2 millions d'enfants sont nés et que 4,7 millions de personnes sont mortes. Depuis 2012, le taux de fécondité des 28 pays de l'union européenne n’a pas dépassé 1,58 enfants par femme. Bon gré mal gré, la plus importante solution pour enrayer la chute démographique en Europe est l'immigration. La fécondité des femmes immigrées en Europe se rapproche et peut dépasser par endroits 2 enfants par femmes. Par exemple en France entre 1999 et 2019, le nombre de naissance d'enfants de deux parents français a baissé de 15,6%, dans la même période le nombre de naissance d’enfants dont au moins un parent est étranger a augmenté de 61,3% et dont les deux parents sont étrangers a augmenté de 49,8%. En Italie, globalement les jeunes âgés de 15 à 29 ans sont autour de 9,2 millions, environ 11% sont des citoyens étrangers ; parmi la communauté immigrée, les jeunes en âge de travailler sont de 25%.

Impossibilités factuelles d'insertion sociale et professionnelle
Les jeunes immigrés arrivés en Europe par regroupement familial, nés de parents étrangers ou même arrivés clandestinement qui sont les mineurs non accompagnés sont touchés dans leur ensemble par beaucoup de difficultés voire d'impossibilités factuelles d'insertion sociale et professionnelle.
Les jeunes issus de l'immigration trouvent sur leur parcours social en Europe d'énormes obstacles à leur insertion économique dans le marché du travail. Cependant il faut d’ores et déjà mettre en évidence la responsabilité de la communauté des immigrés dans ces difficultés : un parcours scolaire incomplet, un moindre accès à l'apprentissage, la concentration spatiale dans les quartiers marqués par des difficultés socio- économiques, des phénomènes de discrimination raciale voire d'apartheid social que les immigrés ont accentué par le fait de vouloir vivre dans les périphéries des sociétés européennes. Les jeunes immigrés accèdent difficilement au marché du travail à cause de leur manque de qualification professionnelle. Beaucoup de parents des enfants issus de l'immigration n'investissent pas suffisamment dans la formation professionnelle, scolaire et universitaire de leurs enfants. Dans ce cadre, les immigrés et leurs enfants ne peuvent prétendre qu'à des métiers et des travaux manuels.
Ainsi le projet du gouvernement français par les voix des ministres du travail Mr Olivier Dussopt et de l'intérieur Gérald Darmanin de vouloir créer un titre de séjour " métiers en tension" pour les secteurs du travail pénible pour résorber ces chômeurs et clandestins immigrés qui peinent à avoir un séjour et un travail qui exige le plus souvent une certaine professionnelle. En Italie, les travailleurs immigrés sont 2,3 millions soit 10% du total des travailleurs. Avec la crise 1,4% des italiens ont perdu le poste de travail pour 6% des immigrés particulièrement pour les jeunes immigrés destinés à un contrat déterminé des agences de travail par intérim source d'une grande précarité. Toutes choses égales, les étrangers en Italie voire en Europe sont plus exposés que les italiens pour perdre leur emploi. Le risque est plus élevé pour les jeunes femmes étrangères peu instruites et employées dans des professions libérales précaires.
Le second grand problème socio- culturel des enfants des immigrés est la perte de l'identité culturelles ; façon de parler car beaucoup de jeunes immigrés n'ont même pas une identité culturelle. Ils n'ont jamais connu la culture de leurs parents et de leurs pays d'origine. Plus grave ces jeunes immigrés nés ou grandis en Europe n'ont jamais été acceptés ou intégrés par la culture du pays d'accueil. Par définition, l'identité culturelle est ce par quoi se reconnait une communauté humaine en termes de valeurs de pensées, de langues, de pratiques, de traditions, de croyances, de vécu et de mémoire historique. Ces jeunes pris entre deux cultures opposées manifestent souvent une crispation identitaire, à un conservatisme mais aussi à un repli sur la culture d'origine sur intervention des parents. Aujourd'hui on parle de seconde, troisième voire de quatrième génération pour nommer les enfants et les petits enfants des immigrés avec une connotation d'apatride culturelle. Partout en Europe l'intégration de ces jeunes issus de l'immigration anime le débat public et leurs gestions sociales et politiques pose d'énormes problèmes aux politiciens, autorités étatiques, chercheurs et décideurs européens. En Europe, les jeunes générations sont confrontées au racisme, à la ségrégation raciale, à l'exclusion sociale, à l'agressivité, à la revendication identitaire et à l'intolérance sociale. Ils ne parviennent pas à accepter leur exclusion sociale et n'arrivent pas à comprendre leur culture d'origine mais surtout l'articulation ou la symbiose entre culture et identité d'origine et celles du pays d'accueil.

Une double exclusion sociale
L'explosion de colère de Karima Balbrack membre de S.O.S racisme en France a mis à nu toutes les contradictions et les difficultés sociales insupportables et moralement dégradantes que vivent les immigrés en Europe : " "nous enfants d'immigrés, nous rêvons tous de la terre de nos grands-parents, mais quand nous retournons dans nos pays d'origine pour rendre visite à nos parents, nous sommes déçus et nous retournons subitement en France. En Afrique nous sommes considérés comme de véritables français et de retour en français où nous sommes nés ou grandis nous sommes considérés comme des étrangers. Les immigrés vivent alors une double exclusion sociale ; une perplexité qui peut être atroce". L'intégration suppose une connaissance de soi et de ses origines. Chaque individu a le droit absolu de nouer et de conserver des liens avec sa culture d'origine pour conserver son identité pour enlever toute confusion entre intégration et assimilation. Cette intégration doit être basée sur l'utilisation d'un langage commun indispensable à la communication pour une connaissance réciproque, l'acceptation des normes sociales communes, sur la reconnaissance du droit à une différence culturelle n'entrainant pas un ethnocentrisme sauvage et enfin sur la réciprocité des relations et des échanges entre les différents groupes socio- culturels. Le 15 Aout 1969, le Pape Paul VI avait publié un document pour exiger des pays d’accueil le respect des droits des immigrés de conserver et de faire reconnaitre leur culture, leurs traditions et leur langue car est l'étape la plus importante d'une cohabitation civile stable et est à la base de la tolérance humaine. Les immigrés ne sont pas un facteur de pollution ethnique et doivent être identifié comme les autres humains par ses coordonnées sociales objectives qui sont âge, genre, nationalité, titres d'étude, qualités professionnelles mais jamais par la couleur de la peau, son origine, son appartenance culturelle ou religieuse. Le 1° Mai 2005, lors du conseil pontifical sur les migrants et les réfugiés, le Pape Benoit XVI avait raison de rappeler que les travailleurs immigrés ne sont ni de la marchandise, ni de simples bras destinés à la production mais des êtres humains imbus d'une culture capable de contribuer au développement social et économique de l'Europe et du monde.

Magatte Simal
C.A.D.E.E. S. Italie

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