En ce 26 septembre commémoratif du naufrage du bateau le Joola, 23 ans après le drame, je ne peux m'empêcher de faire le parallélisme avec celui du Titanic en 1912 considéré comme l'une des catastrophes maritimes les plus meurtrières de l'histoire en temps de paix.
Pourtant, le Joola dépasse de loin le nombre de victimes avec seulement 64 rescapés sur les 2000 passagers environ que comptait le navire. Quant au paquebot du Titanic, il comptait 2200 passagers et environ 700 personnes ont été sauvées suite à l'accident.
Rare sont ceux parmi nous qui n'ont pas entendu l'histoire du Titanic bien installée dans les mémoires collectives. Lors de la visite que j'ai effectuée au musée de la mer cet été, j'ai pû constater à quel point cette histoire avait suscité des recherches, des fouilles dans l'épave, des films, documentaires et documentation poussée sur le déroulé du naufrage depuis Londres jusqu'à l'approche de Terre-Neuve dans l'océan Atlantique Nord.
On y apprend même la façon technique dont la coque du bateau a été conçue, fabriquée avec des méthodes constructives de l'époque et pourquoi il n'avait pas résisté au choc de l'iceberg. D'autres aspects techniques comme le défaut de résistance de structure de la coque et le nombre de compartiments submergés, l'excès de vitesse sur commandement y sont abordés. C'était le plus luxueux et le plus grand jamais construit à l'époque par la compagnie britannique appelée White Star Line.
Culturellement, nous connaissons quasiment tous l'histoire de Rose et Charles dans le film Titanic, de la fin tragique de Charles avec la magnifique chanson de Céline Dion immortalisant la fin de la scène de façon romanesque dans les annales de l'histoire avec sa voix d'or et rendant inoubliable ce drame devenu émotionnellement gravé dans nos mémoires.
Malheureusement, concernant le Joola on ne saurait en dire autant mis à part que son naufrage fût plus meurtrier que celui du Titanic.
Un ami patriote m'a appris que l'épave se trouve juste à 20m de profondeur mais que les gouvernements successifs de Wade et Sall n'ont pas voulu le renflouer pour offrir une sépulture digne aux naufragés. Ce qui est très désolant voir scandaleux compte tenu de la dimension nationale voire au delà et du nombre de victimes.
La valeur civilisationnelle d'une se mesure à la façon dont les morts sont traités, de même que les martyrs et les personnes vulnérables de la société. C'est aussi un très bon indicateur du degré d'humanité et d'humanisme qui fondent cette nation.
Au delà de ces aspects culturel, mémoriel et historique, prendre soin de cette histoire aurait pû non seulement tirer des leçons pour éviter que de tels drâmes ne surviennent à l'avenir ou qu'ils soient mieux pris en charge, mais aussi créer des emplois à travers le tourisme et l'introduire dans les réformes de currila pour que plus jamais nul n'ignore la portée hautement symbolique et sérieuse de cet évènement. Pour cela une collaboration entre les ministères concernés pourrait impulser la dynamique.
"Les morts ne sont pas morts" ainsi parlait David Diop dans son poême "Souffles" .
Ajaa Maryeem Diop