Les îles Canaries, nouvelle impasse européenne pour les migrants

06 - Janvier - 2022

Malgré la pandémie, les migrants sont toujours plus nombreux à tenter de rejoindre l’Europe, et à y laisser leur vie. Selon un nouveau rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de migrants décédés en mer en voulant rallier le Vieux continent a plus que doublé cette année.

Au moins 1146 personnes ont péri en mer en tentant de rejoindre l’Europe au cours du premier semestre 2021, contre 513 au cours de la même période en 2020 et 674 en 2019.

Des chiffres largement sous-estimés

Au cours des six premiers mois de cette année, la majorité des décès ont été enregistrés en mer Méditerranée (896), ce qui représente une augmentation de 130% par rapport à la même période en 2020. La plupart sont décédés en Méditerranée centrale (741), régulièrement décrite par les organismes humanitaires comme la route migratoire la plus dangereuse au monde, suivie de la Méditerranée orientale (149). Six ont péri en voulant rejoindre par mer la Grèce depuis la Turquie.

Sur cette même période, au moins 250 migrants ont péri en mer durant leur tentative de traversée vers les îles Canaries, situées dans l’océan Atlantique.

Ces chiffres sont toutefois très certainement bien inférieurs à la réalité, souligne l’OIM, qui fait valoir que “des centaines de cas de naufrages invisibles” sont signalés par des ONG étant en contact direct avec les personnes à bord ou avec leurs familles. “Ces cas, qui sont extrêmement difficiles à vérifier, montrent que le nombre de morts sur les routes maritimes vers l’Europe est bien plus élevé que ce que les données disponibles indiquent.”
Le rapport montre également une augmentation pour la deuxième année consécutive des opérations maritimes menées par les États d’Afrique du Nord le long de la route de la Méditerranée centrale. Selon l’OIM, plus de 31.500 personnes y ont ainsi été interceptées ou secourues au cours du premier semestre, contre 23.117 lors des six premiers mois de 2020.

Plus de 15.300 personnes ont par ailleurs été renvoyées en Libye au cours des six premiers mois de 2021, soit près de trois fois plus qu’à la même période en 2020 (5476). Un pays pourtant considéré comme extrêmement dangereux pour les demandeurs d’asile.

Extorsions, disparitions et actes de torture
Depuis des années, l’Italie et l’Union européenne financent, entraînent et équipent les garde-côtes libyens pour qu’ils empêchent les passeurs de convoyer en Europe des migrants et réfugiés. Ceux-ci font pourtant face à de multiples accusations de mauvais traitements envers des demandeurs d’asile, conduisant nombre d’ONG à dénoncer cette politique.

En vertu du droit maritime international, les personnes secourues en mer devraient être débarquées dans un port sûr. Or l’ONU ne considère pas la Libye comme un port sûr. Pour l’OIM, l’augmentation du nombre de personnes renvoyées en Libye est même “préoccupante étant donné que les migrants qui sont renvoyés en Libye sont soumis à des détentions arbitraires, des extorsions, des disparitions et des actes de torture”.

Dans son rapport l’institution s’inquiète en outre de voir que “les organisations civiles de recherche et de sauvetage ont continué à se heurter à des obstacles importants”. Une référence aux difficultés rencontrées par les ONG Sea-Watch ou SOS Méditerranée notamment. En conclusion, l’OIM réclame “l’augmentation des efforts de recherche et de sauvetage, la mise en place de mécanismes de débarquement prévisibles et la garantie d’un accès à des voies de migration sûres et légales”.

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