La C.E.D.E.A.O en mission impossible.
Axel Kahn généticien et essayiste a dit : " mieux vaut oser vouloir l'impossible que se résigner à l'inéluctable " Pour beaucoup d'entre nous, l'impossible est une chimère, un projet séduisant, mais irréalisable, utopique. J'ai l'impression que les présidents de la C.E.D.E.A.O. sur le cas du coup d'état du Niger veulent épouser les idées de Kahn. Excellences, votre projet d'éradiquer définitivement les coups d'état en Afrique de l'ouest est une idée chimérique, une idée vaine qui n'est que le produit de l'imagination politique ; une illusion. Comment faire comprendre en Afrique de l'ouest le mot " démocratie " s'il n'existe pas dans leur dictionnaire et leur vocabulaire. Jamais au plus grand jamais le Mali, la Guinée Conakry, le Burkina Faso et le Niger ne pourront choisir le vote démocratique comme moyen d'alternance politique. Leur parcours politique, social et historique a été toujours déterminé par le coup d'état et la domination du pouvoir politique, social, économique et judiciaire par les officiers de l'armée.
Le Mali : 5 coups d'état depuis l’indépendance : Le Mali ex soudan français a connu depuis son indépendance le 22 Septembre 1960 cinq coups d'état. Le 19 Novembre 1968, le premier président Modibo Keita a été renversé par le lieutenant Moussa Traoré. Autoritaire, ce dernier n'a jamais entamé des réformes appréciées par le peuple malien. Après la répression meurtrière avec plusieurs dizaines de morts, l'ancien lieutenant devenu général a été renversé par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (A.T.T.) le 26 Mars 1991. Il organise des élections démocratiques remportées par le professeur Alpha Omar Konaré pour 10 ans. En 2002, l'ancien colonel A.T.T. fut son successeur en remportant les élections. En 2011, la sécession du mouvement national de libération de l'Azawad (M.N.L.A) soutenu par le MUJAO (mouvement pour l'unification et le Jihad en Afrique) ensanglante le pays ; des centaines de soldats maliens ont été égorgés en 2012 a Agnelhoc. Le capitaine Amadou Ayaa Sanogo en profite pour renverser A.T.T. le 22 Mars 2012. En 2013, la démocratie est de retour avec l'élection de Ibrahima Baba Keita (I.B.K.). Après 7 ans de pouvoir, le pays est en proie à la corruption et à l'insécurité avec les attaques jihadistes. Le 18 Août 2020, le colonel Assimi Goita dépose I.B.K. mais les manifestations démocratiques l'obligent à désigner l'ancien colonel Bah Ndaw comme président de la transition et lui vice-président chargé de la défense et de la sécurité. Le 25 Mai 2021, Assimi Goita organise un second d'état pour déposer Bah Ndaw pour prendre seul le pouvoir avec les militaires. Est-ce la fin des coups d’état ? Dans la nouvelle constitution votée avec un OUI majoritaire, l'article 187 du titre XII stipule : " tout coup d'état ou putsch est un crime imprescriptible contre le peuple malien " Si des élections démocratiques ne sont pas organisées, il y a l'idée d'une présidence à vie.
Le Burkina Faso : N coups d'état en 54 ans d'indépendance. Le 4 janvier 1966, le chef d'état-major des armées Aboubacar Sangoulé Lamizana devient chef de l'Etat en déposant le premier président de la Haute Volta Maurice Yaméogo suite à ses mesures impopulaires du plan d'austérité financière suivie d'une grève générale réprimée par l'Etat d'urgence. Le 25 Novembre 1980 le colonel Saye Zerbo devient chef de l' Etat en organisant un coup d'Etat contre Lamizana car le pays est à genoux suite à une grande sécheresse. Les grèves se multiplient et se généralisent paralysant tous les secteurs du pays. Le 7 Novembre 1982, le commandant Jean Baptiste Ouédraogo sans aucune expérience politique ni idéologique a été désigné à la tête du pays après le coup d'état contre Saye Zerbo organisé par le capitaine Thomas Sankara. Il accuse Ouédraogo de servir les intérêts de la domination coloniale et du néo colonialisme. Thomas Sankara qui fut premier ministre évince de la présidence Ouédraogo par le coup d'état du 4 Aout 1983. Sankara abandonne le nom colonial de Haute Volta et baptise le pays le Burkina Faso. Il est au pouvoir jusqu'au 15 Octobre 1987 ; il est tué par son ami le capitaine Blaise Compaoré qui l'accuse d'avoir trahi l'esprit de la révolution. Après 27 ans de pouvoir, sa garde présidentielle toujours fidèle à lui le pousse le 31 Octobre 2014 à la sortie après une révolte populaire. Devant l'ampleur de la contestation, l'armée prend le pouvoir et le chef d'état-major Honoré Nabéré Traoré assure la transition. Le 17 N0vembre 2015, Michel kafando est désigné par une conférence nationale pour diriger la transition assistée du colonel Issac Zida comme premier ministre. Le président Michel Kafando fut arrêté par le général Diéndéré, mais comme en 2014, le peuple refuse et s'oppose. Le 22 septembre, le général Diendéré a reconnu la faillite du coup d'état et se réfugie à l'ambassade du Vatican. Kafando fut libéré et retourne à la présidence jusqu'en décembre 2015 quand Roch Marc Christian Kaboré vainqueur des élections du 29 Novembre prend le pouvoir jusqu'au 24 janvier 2022. A cause des manifestations populaires contre l'insécurité croissante à cause des attaques des jihadistes, le président Roch fut arrêté par les militaires qui reprennent le pouvoir. Un premier coup d'état était déjoué le 10 janvier sous la conduite du colonel Zoungourana. Le 24 janvier 2022, le vrai coup d'état a mis aux arrêts Roch Kaboré. Le colonel Paul Henri Sandaogo Damiba devient chef de l'Etat. Il fut déposé le 30 Septembre par le capitaine Ibrahima Traoré âgé de 34 ans et devient le nouveau président du Burkina Faso. Pour combien de temps ; " qui règne par les armes, périra par les armes".
La Guinée Conakry ; peut-elle éradiquer les coups d'état de sa culture politique ? Depuis son indépendance en 1958, c'est la troisième fois que l'armée interfère dans la vie politique de la Guinée. Ce dernier coup d'état militaire a fait renaitre de ses cendres l'éternelle question qui se pose entre la démocratisation et la militarisation de la politique. A la mort de son premier président Ahmed Sékou Touré en 1984, le colonel Lansana Conté avait usurpé le pouvoir pour s'y maintenir pendant 24 ans jusqu' à sa mort en 2008. Il fut rapidement remplacé par le capitaine Dadis Moussa Camara qui avait plongé le pays dans plusieurs années de répressions politiques violentes. En 2010, Alpha Condé fut le premier président démocratiquement élu. Réélu en 2020 pour un troisième mandat, Le président Condé fut attaqué par toute la classe politique pour avoir fait modifier par référendum la constitution guinéenne pour permettre de remettre à zéro le compteur de ses mandats. Pour se maintenir au pouvoir en paix, il réforme l'armée en créant des unités spéciales qu'il confie au colonel Mamadi Doumbouya; un malinké originaire de sa province de Kankan. Le 5 Septembre 2021, le colonel Doumbouya capture le président Condé, suspend la constitution et prend la tête d'un comité national de rassemblement et de développement pour diriger le pays.
Le Niger a une histoire jalonnée de coups d'état et de tentatives de coups d'état. Depuis 1960 jusqu'au 26 juillet 2023, le Niger a connu de nombreux soulèvements militaires dont 4 coups d'état. Le 15 Avril 1974, Hamny Diori, premier président de la république fut renversé par le lieutnant colonel Seyni Kountché qui a échappé à trois coups d'état en 1975, 1976 et 1983. A sa mort le 10 Novembre 1987 par cancer du cerveau, le pouvoir revient à son chef d'état-major Ali Saibou. En 1992, une conférence nationale désigne un gouvernement pour le retour de la démocratie. En Mars 1993, l'économiste Mahmane Ousmane est élu président du Niger. Le 27 janvier 1996, il est renversé par le colonel Ibrahima Baré Maïnassara. Il est tué le 9 Avril 1999 lors d'un coup d'état dirigé par le commandant Daouda Malam Wanké chef de la garde présidentielle qui a accepté de rendre le pouvoir aux civils. Le 24 Novembre 1999, l'ex militaire et leader de l'ancien parti unique Mamadou Tanja est élu président de la république. Il est renversé par les militaires le 18 février 2010 qui promettent de rendre le pouvoir par voie démocratique. L'élection de 2011 fut remportée par Mahamadou Issoufou du P.N.D.S. adversaire de Tanja. Conformément à la constitution, Mahamadou Issoufou quitte le pouvoir après 10 ans. IL est remplacé à la tête du pays par son ministre Mouhamed Bazoum le 21 février 2021. Malgré les tentatives de coups d'état militaires des 30 et 31 Mars, Bazoum est investi le 2 Avril. Le 26 janvier 2023, le président Bazoum est destitué par le conseil militaire pour la sauvegarde de la patrie dirigé par le général Abdourahmane Tiani chef de la garde présidentielle depuis Issoufou. Les éternelles excuses de situation économique désastreuse, d'insécurité et de domination de la France ne tiennent pas. Bazoum élu en 2021 a porté la croissance de 3,6% en 2020 à 7,5% en 2022 et prévoit une croissance à 2 chiffres en 2024. Le budget de 2400 milliards en 2020 est porté 3245 milliards en 2023. Pour la situation sécuritaire, il ya trois fois moins d'attaques surtout sur la frontière du Mali surtout à Tillabéri, province natale du général Tiani. La France certes exploite 3 sites d'uranium sur 4, mais la production de pétrole de 20. 000 barils par jour qui doit passer en 2024 à 80.000 barils est totalement entre les mains des chinois. Manipulation de la jeunesse contre la France !!! Alors et si le général Tiani en poste depuis Issoufou ne veut quitter son poste ?
Les coups d'état pour ces 4 pays sont comme de la méthadone pour il drogué qui est maintenu dans un état permanent de drogué. A cause des coups d'état ces 4 pays sont maintenus dans un état perpétuel de difficultés, de confusion et d'instabilité économiques, sociales et politiques accentué par les sanctions et les embargos de la communauté internationale. Ce 4 Aout 2023, l'agence de notation Moody's investors service a abaissé la note souveraine de l'économie du Niger de B3 (risque élevé de défaut) à Caa2 (extrêmement spéculatif). Pour cacher leurs ambitions personnelles, les putschistes manipulent cette jeunesse africaine à l'instinct grégaire et moutonnier en développant un sentiment anti français au profit des sauveurs russes. A-t-on dit aux jeunes africains que le pire impérialisme par sa nature et sa violence est celui des russes ou des soviétiques. L'impérialisme russe et soviétique comprend la politique et l'idéologie du pouvoir exercé par la Russie. Il inclut les conquêtes de l'empire russe ou soviétique. Chers jeunes africains, essayez de découvrir les points de vue des jeunes afghans de 1979 à 1989, ou des peuples non russophones comme les ukrainiens et autres peuples du Caucase sur les russes et soviétiques ?
Excellence présidents de la C.E.D.E.A.O., vos ambitions de porter ces 4 pays à la démocratie est une illusion, une utopie. Les sanctions économiques sur ces 4 pays ont été essayé en 1989 avec la convention de Lomé IV C.E.E / A.C.P. qui avait exigé la conditionnalité de la démocratie et puis en 1990 par le sommet France/ Afrique de la Baule qui avait relié l'aide publique française à la démocratisation par le multipartisme. Le bruit des bottes et le crépitement des armes ont toujours annihilé toutes velléités démocratiques et intellectuelles et toutes aspirations citoyennes de n'importe quel type de liberté. Chers présidents de la C.E.D.E.A.O. il faut ranger les armes et accepter de signer l'armistice avant la guerre. A mon humble avis, il faut porter les militaires et les citoyens de ces 4 pays à la réflexion du psychologue américains William James : " la plus découverte de notre génération a été de s'apercevoir qu'un homme peut changer sa vie en modifiant sa façon de penser"
Magatte Simal C.A.D.E.E.S. Italie
