Immigration : le paradoxe italien et européen
Actuellement le monde européen est confronté à un grave et complexe problème de société presque impossible à résoudre : son déclin démographique. Deux expressions démographiques sont utilisées pour caractériser la chute démographique de l’Europe ; le professeur émérite de l'université catholique de Louvain en Belgique Michel Schooyans parle de crash démographique et le recteur Gérard François Dumont directeur de la revue population parle d'hiver démographique. Les deux expressions sont constatées en Europe particulièrement en Allemagne et en Italie pour désigner un taux de natalité en décroissance pour se maintenir à son plus bas niveau accentuant le vieillissement de la population provoquant sa diminution à un rythme assez élevé. Selon l'Istat (service statistique italien), l'Italie manque de plus en plus de jeunes. En 2023, l’Italie a 10 millions 200 mille personnes âgées de 18 à 34 ans soit une baisse de plus de 3 millions (- 23,2%) par rapport à 2002. Dans le sud de l'Italie appelé " mezzogiorno " la tranche d'âge 18- 34 ans constitue 18,6% de la population pour 16,9% dans le nord. A ce rythme, l'Istat prévoit pour 2061 donc dans moins de 40 ans 30,7% de la population du sud et 18,5% de celle du nord auront plus de 70 ans car l'Italie a le taux de fécondité le plus bas d'Europe avec 1,24 enfants par femme. Il est prévu dans la région du Veneto ( Vénétie ) dans le nord est italien; troisième région plus riche du pays après la Lombardie et l'Emilie Romagne que les personnes âgées de plus de 65 ans passeront de 23,8% à 33,8% en 2041, tandis que dans les communes isolées et en zones rurales, les personnes âgées de plus de 85 ans passeront de 3,7% à 5,7%. Aujourd'hui, le phénomène touche tous les pays de l'union européenne. Depuis 1975, les pays de l'union européenne sont confrontés à cet hiver démographique avec un taux de fécondité inférieur à 2,1 enfants par femme. Au 1° janvier 2021, les 27 pays de l'union européenne avaient 447 millions d'habitants, au cours de l'année 2020, la population européenne a diminué de 312 000 habitants. Avec 6% de la population mondiale actuellement, la population européenne passera à 4% en 2070. Le commissaire européen à la démographie Dubravka Suica propose aux familles des politiques sociales pour les parents qui ont des enfants. La décroissance démographique très forte en Italie est accentuée par l'émigration des jeunes italiens vers les autres pays de l'union européenne, aux U.S.A., en Australie et en Grande Bretagne. Jusqu'en 2021, plus de 130.000 jeunes italiens âgés au plus de 34 ans ont quitté le pays avec des départs qui augmentent de 37 à 61%. En 2021, 158.000 résidences italiennes ont été effacées pour cause d'émigration de l'Italie vers l'extérieur soit moins 1% par rapport à 2020. 59% sont des italiens et le reste est constitué d'extracommunautaires qui retournent au pays natal ou qui changent de pays d'immigration. Selon Dubravka Suica commissaire européen à la démographie tout plan de relance démographique européen ou italien pourrait avoir ses premiers effets dans 25 ans. A court terme, l'Europe n'a qu'une solution : faire appel aux migrants LEGAUX à travers des accords de partenariat avec des pays tiers pour faciliter l'arrivée de jeunes migrants avec une formation professionnelle en Europe ; en réalité l'immigration choisie de Nicolas Sarkozy. Derrière la nécessaire et obligatoire demande d'une nouvelle main d'œuvre, se cache la tentative de justifier une immigration encore plus importante. Voilà le paradoxe italien et européen ; vouloir manger une orange sans se salir les mains !!! Comment expliquer tout ce remue-ménage, ce brouhaha politique, toutes ces déclarations politiques, ces confrontations entre droite et gauche en Italie voire en Europe avec les débarquements de clandestins à Lampedusa du mois d'Août, si c'est un mal, mais un mal nécessaire. En 2022, 104.061 clandestins ont débarqué à Lampedusa, pour les premiers 9 mois de 2023, 127.207 clandestins sont arrivés en Italie, soit un total de 231.268 clandestins dont au moins 40% ont quitté l'Italie pour la France, l'Allemagne et la Grande Bretagne. C'est une goutte d'eau dans la mer par rapport aux besoins de l'Italie et de l'Europe. Selon le nouveau décret des flux saisonniers qui fixe les besoins de l'Italie en main d'œuvre immigrée entre 2023 et 2025 publié fans son journal officiel " Gazzetta ufficiale", l'Italie a besoin pour ces 3 années de 452.000 immigrés pour motif de travail : 136.000 pour 2023, 153.000 pour 2024, 165.000 pour 2025. L'Europe quant à elle a besoin de plus d'immigrés car de 333 millions de population active en 2021, elle risque de passer à 242 millions en 2050 pour cause de vieillissement de sa population soit plus de 90 millions de travailleurs en moins. Selon une étude du Center for global développent qui préconise le recours obligatoire aux migrants africains pour combler le gap de manque de mains d'œuvre, les estimations font apparaitre un besoin de 7 millions de personne pour l'Allemagne, 3,9 millions pour la France et 3,6 millions pour le Royaume uni. Pour Charles Kenny, son chercheur principal, l'Europe doit profiter de son avantage de sa proximité avec l'Afrique pour organiser cette immigration obligatoire en fonction de ses besoins en qualification professionnelle car les projections indiquent que l'Afrique d'ici 2050 pourrait atteindre 1,3 milliards de personnes en âge de travailler. Déjà en 2019, Jean Paul Delevoye commissaire européen aux retraités lors d'un débat avec des jeunes de Créteil en France avait ouvert un débat avec beaucoup de polémiques. Il avait avancé que pour équilibrer la population active en 2050, l'Europe aurait besoin de 50 millions de population étrangère. Il avait cité un rapport de l'O.N.U. de 2000 dont le département des affaires économiques et sociales s'interrogeait si la migration de remplacement peut être une solution pour les populations en déclin démographique en raison du faible taux de fécondité. Donc même les européen et surtout la classe politique de droite- extrême droite pensent par idéologie que l'immigration n'est pas nécessaire, ils acceptent par réalité socio-économique que les immigrés sont d'une utilité primordiale pour la survie de l’Europe. La manipulation politique de la question de l'immigration par la droite - extrême droite juste pour un résultat électoral ne peut en rien cacher que l'Europe ne peut plus se passer des immigrés. Ce paradoxe socio- politique vient d'une perception erronée virtuelle de la question migratoire que les politiciens xénophobes veulent faire accepter à leur électorat. Malheureusement ce paradoxe a pour résultat souffrance et morts. Trafiquants et jeunes candidats à l'émigration savent que l'Europe a besoin de migrants et sont prêts à payer au prix fort de leur vie pour être des invités non désirés mais tolérés. Le processus de Rabat en 2005 qui visait la mise en œuvre d'un partenariat entre pays d'origine, de transit et d'accueil pour la maitrise du flux migratoire par l'organisation de la migration légale, la lutte contre la migration clandestine, le renforcement des synergies entre migration et développement et la protection des personnes doit être réactualiser pour donner à l'Europe des migrants formés professionnellement par des pays de départ qui pourront en tirer profit au lieu de récolter des morts par milliers. Le partenariat Afrique- Union européenne sur les migrations, la mobilité et l'emploi peut être un instrument exceptionnel de gestion gagnant- gagnant de la question migratoire. Ce partenariat vise à la réalisation concrète des déclarations et des accords internationaux pertinents pour une migration profitable à tous les pays de départ et d’accueil : ce sont les déclarations de Tripoli sur les migrations et le développement, le plan d'action de Ouagadougou contre la traite des êtres humains en particulier des femmes et des enfants et le plan d'action pour la protection de l'emploi par une solide formation professionnelle et l'éradication de la pauvreté.
Magatte Simal C.A.D.E.E.S. Italie
