Immigration : l’Europe se barricade

17 - Décembre - 2023

Aujourd'hui plus que jamais, l'Europe se barricade dans sa réalité géographique et dans ses textes de lois et ses politiques contre l’immigration. Environ 15% des frontières externes de l’union européenne sont désormais clôturées. Environ une dizaine de pays de l’union européenne et de la zone Schengen ont construit des barrières physiques pour endiguer l'arrivée massive des immigrés clandestins. De l’Espagne à la Bulgarie en passant par la Hongrie, de l'Estonie, à la Grèce en passant par Calais au Nord de la France, plus de 2.000 kilomètres sont protégés par des clôtures. L'Europe tient à se protéger des immigrés clandestins indésirables partout dans le monde occidental. Depuis 1993, l’Espagne a installé des barrières métalliques de 6 mètres de haut dans ses enclaves de Ceuta et Mellila dans le nord du Maroc, en 2012 la Gréce a érigé une barrière grillagée de 18 kms de long et haute de 3 mètres sur une partie de sa frontière terrestre avec la Turquie déjà séparées naturellement sur 200kms par le fleuve Evros, en juillet 2014 la Bulgarie en fait de même avec un mur de 3 mètres de haut surplombé de barbelés le long de sa frontière avec la Turquie. De 30 kilomètres de long, la Bulgarie a étendu ce mur sur 130 kilomètres sur la frontière longue de 259 kilomètres. Pour lutter contre l'afflux des immigrés clandestins, des pays européens renforcent les contrôles sur leurs frontières à l'intérieur de l'espace Schengen. Depuis 1995, les accords de Schengen rassemblent aujourd'hui 26 pays dont 22 pays des 28 États européens en plus de l'Islande, la Norvége, la Suisse et le Liechtenstein. Depuis 2013, les textes de Schengen autorisent les contrôles dans les frontières internes pour 24 mois pour des "circonstances exceptionnelles". Par exemple pour les attentats terroristes, la France avait suspendu les accords de Schengen. D'après un rapport du parlement européen de 2022, les murs et les barrières physiques érigées pour arrêter ou limiter les passages de migrants et demandeurs d'asiles sont passés de 315 kilomètres en 2014 à 2035 kilomètres en Octobre 2023. L'Italie qui se plaint d’une véritable évasion migratoire en provenance de la Méditerranée est entrain de tenter avec le gouvernement de Giogia Meloni de porter la lutte contre l'immigration clandestine hors de ses frontières.

Un axe central de la politique
européenne contre l'immigration clandestine

 

Le gouvernement italien a proposé des sous traitances de contrôle frontalier à des pays partenaires au sud de la Méditerranée. Le gouvernement de Giorgia Meloni a proposé des financements et une assistance sécuritaire à la Tunisie et à la Libye pour lutter contre les départs de barques de clandestins à partir de leurs côtes.
Pour protéger ses frontières externes, l'union européenne a décidé de renforcer le Frontex ; l'agence européenne des gardes côtes et gardes-frontières. Le Frontex a été fondé en 2004 pour assister les pays membres de l'union européenne et les pays associés à l'espace Schengen pour la protection et la surveillance de leurs frontières externes avec des moyens modernes de surveillances et d'interventions. En 2023, le Frontex a pu disposer d’un budget de presque un milliard d'Euro pour un effectif de 2100 agents. Sa zone d'intervention est élargie et ses autorisations d'équipement sont de plus en plus militarisées avec des avions et des drones. Donc, l'Europe a pris conscience que le levier sécuritaire s'avère un axe central de la politique européenne contre l'immigration clandestine car l'érection de la " forteresse Europe " est une nécessité pour montrer son incapacité de recevoir toute la « misère du monde ».
L'Europe se renforce sur le plan politique et législatif pour se protéger contre l'arrivée massive des migrants. En Grande Bretagne, le gouvernement du premier ministre Rishi Sunak confirme son projet de loi visant à expulser les migrants illégaux et les demandeurs d'asile au Rwanda. Malgré la démission de son ministre de l'immigration Robert Jenrick au motif que cette loi n'est pas assez rigoureuse ; l'ex ministre anglais de l'intérieur Suella Bravermann chef de l'aile droite des conservateurs anglais conseille au chef du gouvernement la rigueur pour l'application de cet accord avec le Rwanda. Ce 13 décembre2023, les députés britanniques ont approuvé le projet de loi pour le renvoi de migrants illégaux au Rwanda. L'Italie et l'Albanie ont signé un accord identique ; Giorgia Meloni premier ministre italien et son homologue albanais Edi Rama ont conclu un accord identique. Pour construire en Albanie des centres destinés à accueillir jusqu' à 39.000 migrants qui devraient être opérationnels au printemps 2024. La ratification de l'accord italo- albanais a été suspendue par le conseil constitutionnel albanais pour examiner deux recours de l'opposition albanaise. La France était aussi sur la même lancée législative pour contrôler l'immigration et les immigrés. Le sénat français dominée par la droite avait proposé un projet de loi sur l’immigration pour durcir la politique française en matière d'immigration surtout pour plus de 600 000 clandestins présents sur le sol français. Le sénat français avait adopté en première lecture son projet de loi durci contre l'immigration par la majorité sénatoriale de droite et du centre. Pour contrôler le phénomène migratoire. A l'assemblée nationale, une alliance entre l'extrême gauche et " France insoumise" de Melenchon a permis de supprimer la quasi-totalité des avancées contre l'immigration obtenues par la droite sénatoriale. Mais le vote de ce projet de loi sur l'immigration en France risque d'être complexe ; Eric Ciotti, chef du parti français L.R. (les républicains) a annoncé de ne pas voter cette loi favorable à l'immigration, même son de cloche de la part du Rassemblement national de Marine Le Pen : son porte-parole à l'assemblée nationale Thomas Ménagé a déclaré : " les français attendent de la fermeté, donc on ne peut pas accepter la mise en place d'une nouvelle filière d'immigration". Rejetée, la loi tournera à l'assemblée nationale française ; mais la droite et l'extrême droite veulent voter la nouvelle loi d'immigration si la version radicale du Sénat français contre l'immigration reste maintenue à l'assemblée nationale française. En Suède, la victoire électorale de Septembre 2022 des démocrates de Suède d'extrême droite, le gouvernement suédois a marqué un durcissement de sa politique migratoire. Sous l'influence de l'extrême droite, le gouvernement suédois contraint des milliers de travailleurs étrangers à quitter le pays.

La plus grande évidence sociale, sociologique et sociétale du
phénomène migratoire

 

La coalition suédoise d'extrême droite au gouvernement a décidé de doubler le salaire minimum requis pour demander un visa de travail passant de 13.000 à 27.360 Couronnes suédoises depuis le 1° Novembre 2023 menaçant près de 15.000 immigrés d'expulsion.
La plus grande évidence sociale, sociologique et sociétale du phénomène migratoire actuel en Europe est son rejet total par la société européenne qui se barricade derrière les partis politiques xénophobes d'extrême droite. Le nombre croissant des débarquements de clandestins et le nombre de demandes d'asile entre 2022 et 2023 font peur aux européens. Seulement pour l'année 2022, 962.200 demandes d'asile dont 881.200 de premières demandes ont été déposées dans l'union européenne soit une augmentation de 52% par rapport à 2021. La croissance de la présence des immigrés s’accompagne cependant d'un sentiment de peur et de préoccupations psychologiques. Avec un sondage d'Avril 2007, 34,6% des italiens pensent que les immigrés sont un danger pour leur culture, leur identité et leur religion, 43,2% pensent qu'ils sont un danger pour l'ordre public et la sécurité cependant 41,5% pensent que les immigrés sont une ressource. Le dernier sondage du journal italien " Il sole 24 Ore" du 21 Mars 2023, 55% de l'échantillon interviewé retient que les immigrés sont déjà trop nombreux même si 48% des italiens sont convaincus que les immigrés sont un avantage pour l'économie italienne.
En France, selon un sondage du journal " Le point" depuis 2018, 58% des citoyens jugent négatif le rôle des immigrés : 54% sur la croissance, 55% sur l'avenir du pays, 58% sur l'identité du pays, 61% sur le respect de la laïcité, 66% sur la cohésion de la société, 66% sur la sécurité. Ce 12 décembre 2023, selon un sondage de l'institut C.S.A. pour la télévision française C. News, 80% des français sont très majoritairement opposés à l'arrivée de nouveaux migrants contre 19% qui ont répondu positivement et 1% d'indécis.
Nous immigrés, nous devons nous rendre à l'évidence que la société européenne ne veut plus de nous. Nos comportements en sont-ils la raison ou le contexte socio- économico- politique en est responsable ? Une énigme qui mérite REFLEXION. Désormais nous immigrés, nous ne sommes plus acceptés mais nous sommes tolérés pour une seule raison : les immigrés doivent prendre en charge les travaux dangereux, sales et pesants que les enfants de l’Europe ne veulent plus faire. L’Europe et ses enfants ne veulent même plus nous considérer comme une réalité sociale ; pour preuve le maire de la ville de Monfalcone dans le département de Gorizia dans la région de Friuli-Venezia- Giulia au Nord Est de l'Italie qui a décidé de fermer la mosquée et ne veut même pas reconnaitre le droit des immigrés à la liberté religieuse. Elle piétine ainsi la neutralité des services publiques face à toutes les religions même si la puissance publique peut par droit constitutionnel intervenir pour réglementer certaines pratiques religieuses mais non pour l'interdire car la liberté religieuse a un lien direct avec la protection accordée à d'autres droits civiques et humains d'autant plus que ces immigrés musulmans assurent la bonne marche de Monfalcone comme chantier naval. La balle est dans le camp des immigrés ; la réflexion doit être engagée sur l'ensemble des problèmes ou obstacles sociaux qui obstruent notre épanouissement ; une réflexion sérieuse et " REFLECHIE" car une réaction épidermique concrétisée par des marches et des manifestations politiques ou syndicales ne portera que regrets et risqueront d'augmenter les dissensions entre immigrés et autochtones.
L'activisme politique des immigrés particulièrement des sénégalais qui se concrétise par des posts sur les réseaux sociaux est une irresponsabilité pour ne pas dire une utopie voire une idiotie qui ne réglera absolument pas nos problèmes dans nos sociétés d'accueil. Pour paraphraser Martin Luther King : " les immigrés doivent apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon ils vont mourir comme des idiots".

Magatte Simal
C.A.D.E.E.S Italie

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