Immigration clandestine : De la nécessité à l'humiliation de l'africain  

24 - Septembre - 2023

Le clandestin est l'extracommunautaire c'est à dire celui qui n'est pas né dans les pays membres de l'union européenne qui rentre et qui vit en Europe sans respecter les règles d'entrée et de séjour fixées par les lois européennes. En Italie selon l'article 5 de la loi du 6 Mars 1999 du texte unique sur l’immigration : " peuvent séjourner dans le territoire italien, les étrangers entrés régulièrement selon l'article 4 du même texte donc muni d'une carte ou d'un permis de séjour en cours de validité". Cependant il est rare de remplir pour un extracommunautaire les conditions d'entrée et de séjour légales. Selon l'A.S.G.I. (Association des études juridiques sur l'immigration en Italie) : " pour un étranger qui a choisi d'émigrer en Italie, la clandestinité est une étape quasi obligatoire. Plus de 90% des immigrés réguliers ou même en possession de la nationalité italienne aujourd'hui ont connu une vie de clandestinité avant d'être régularisés par les 4 plus grandes décisions de régularisation autorisées par l'Etat italien : la circulaire ministérielle de Martelli en 1990, le décret Dini de 1995, le décret Turco- Napolitano de 1998 et la loi Bossi- Fini de 2002. Il faut y ajouter les décrets de flux saisonniers et les lois partielles de régularisation.

Pour un clandestin, vivre en Italie voire en Europe signifie d'abord vivre dans l'illégalité totale avec une quasi impossibilité de travailler en règle et d'avoir une résidence régulière. Cette situation est la cause pour beaucoup de clandestins de vivre une situation de S.D.F aidé par la Caritas.
Depuis 1973, les politiques nationales et européennes pour contenir les clandestins et l'immigration clandestine sont devenues plus restrictives en mettant l'accent sur le délit de clandestinité. Contre cette décision, Lorenzo Trucco, président de l'A.S.G.I. : "dans ces dernières années, on a assisté à un sévère endurcissement des lois contre l'immigration clandestine ; personne ne pouvait imaginer cela il y a 20 ans quand l'Europe et l'Italie couraient derrière les immigrés pour résorber leur déficit en main d'œuvre". Pour contrer l'immigration clandestine, l'union européenne a créé l'agence Frontex ; une police de surveillance des frontières européennes extérieures. L'Italie, la Grèce et l’Espagne ; pays frontaliers de la Méditerranée ; voie de passage des clandestins ont créé une patrouille commune contre l'immigration clandestine en collaborant avec des pays maghrébins de transit. Malheureusement malgré toutes ces forces de surveillance frontalière contre l'immigration clandestine renforcée par l'opération " mare nostrum" de la marine militaire italienne, le nombre de débarquement de clandestins surtout dans l'ile italienne de Lampedusa a été multiplié par N. Selon le ministère de l'intérieur, l'arrivée des immigrés clandestins de 1997 à 2023 a connu une croissance verticale rapide : en 1997 sont arrivés 22.343 clandestins, 49.999 en 1999, pour descendre à 13.635 en 2004 pour remonter à 22.016 en 2006, 36.951 en 2008, 62.692 en 2011, qui correspond à l'année du printemps arabe. En 2014, 170.100 clandestins sont arrivés en Italie surtout de Syrie et d'Erythrée, 181.436 en 2016. Entre 2018 et 2019, les débarquements de clandestins sont descendus respectivement à 23.370 et 11.471 ; deux années marquées par le décret du ministère de l'intérieur Minniti par la création de 20 centres d'expulsion de clandestins, le mémorandum signé entre le premier ministre italien Gentiloni et celui de la Libye Fayez al Serraj pour limiter les départs de clandestins des côtes libyennes et surtout le renouvellement de l'accord italo-libyen par le ministre italien des affaires étrangères Luigi di Maio. A partir de 2020, les départs de clandestins des côtes tunisiennes se multiplient avec un nombre de 34.154 puis en 2021 avec 67.040; débarquements dominés par les tunisiens et les bengalais. Entre le 1° janvier et le 30 décembre 2022 sont arrivés 104.061 clandestins dont les égyptiens, tunisiens, les bengalais, les syriens et les afghans. Mais l'année 2023 est entrain de dépasser tous les débarquements ; dans les premiers 9 mois sont arrivés 127.207 à Lampedusa.

La pression familiale sur le processus migratoire

La majeure partie des clandestins arrive en Europe avec un projet migratoire de gagner sa vie pour aider sa famille restée au pays ; cependant certains clandestins sont attirés par les mirages de l'Europe. Personne ne doute de la pression familiale sur le processus migratoire. Combien de familles ont vendu des terrains, des bijoux de famille, des récoltes entières et une forte préparation mystique pour envoyer un fils, une fille en Europe ou en Amérique en attendant le revers de la médaille : le fils prodige envoie de l'argent et beaucoup d'argent. Pour ne pas décevoir la famille qui a tout investi, le clandestin non seulement risque sa vie sur la longue route terrestre et maritime, mais arrivé au pays d'accueil en Europe utilise tous les moyens légaux ou illégaux pour gagner de l'argent. Sans document valable, le travail légal est impossible ; ainsi le clandestin vit entre le commerce ambulant abusif, le travail au noir de plus en plus difficile dans une Europe en crise économique totale ; ainsi l'unique route qui reste, la plus simple, et la plus dangereuse qui permet à un clandestin de gagner sa vie est d'entrer dans la criminalité. C'est un stratagème, une roublardise qui permet de gagner de l'argent et peut même gagner beaucoup d'argent en si peu de temps, mais qui peut en si peu de temps te porter derrière les barreaux pour plusieurs années. Souvent les différentes formes de déviance sociale des moins au plus dangereuses sont un passage obligé pour le clandestin qui porte sur ses épaules les espoirs, les espérances, les attentes de toute une famille : ce poids est souvent psychologiquement insoutenable. Pour les parents, la famille, et même la femme et les enfants restés au pays, la provenance de l'argent importe peu, les pratiques pour en gagner importent peu : il importe d'en envoyer beaucoup.
Ce migrant régulier ou clandestin qui envoie de l'argent pour changer le niveau de vie de sa famille devient un modèle de réussite sociale. Ainsi tous les jeunes africains chômeurs ou qui travaillent dans l'informel et même certains travailleurs avec un revenu faible migrent non seulement pour de l'argent mais aussi et surtout pour avoir un statut social qui permet d'avoir une visibilité sociale. Malheureusement en ces temps où les jeunes africains se lancent par milliers sur les routes dangereuses de l'immigration clandestine, la dure crise économique et du travail en Europe et aux U.S.A est un grand obstacle à la réussite du projet migratoire. La crise économique en Europe aggravée par les conséquences de la Covid 19 a impacté gravement le marché du travail et de l'emploi en provoquant une hausse du taux de chômage et une chute du produit intérieur brut à l'échelle européenne. A titre d'exemple, l'Italie qui est la porte d'entrée de l'immigration clandestine compte un million de pauvres supplémentaires depuis 2020 portant 9,4% de la population italienne sous le seuil de la pauvreté absolue avec un total de 5 millions de pauvres. La quasi-stagnation de l'économie réside dans le niveau trop élevé de la dette publique de 135% du P.I.B. italien. Même si l'économie italienne a rebondi après la Covid 19 avec un P.I.B. de 3,8% en 2022 ; il est prévu en 2023 un P.I.B. qui chute à 0,6% avec à la clef la forte baisse des revenus des italiens.

La France et l'Italie doivent aider à reconduire les immigrés

La jeunesse africaine doit se rendre à l'évidence que les pays du Nord n’ont plus besoin d'immigrés surtout si ces derniers sont juste des bras bionics c'est à dire une force physique de travail sans aucune formation professionnelle. Désormais tout le monde occidental a pris fait et cause avec l'immigration choisie de Nicolas Sarkozy. Ainsi avec cette arrivée massive de clandestins à Lampedusa, tous les pays européens qui ne cherchent plus de bras mais de têtes bien faites se sont désolidarisés de l'Italie en refusant de recevoir des clandestins.
La France sans équivoque par la voix de son ministre de l'intérieur Gérard Darmanin sur T.F.1 a annoncé " la France n'accueillera pas de migrants venus de l'IIe italienne de Lampedusa". Pour démontrer que l'Europe n'a plus besoin de cette immigration avec des muscles seulement, la France a proposé de l'aide à l'Italie pour reconduire dans leur pays avec qui elle a de bonnes relations. La position de Darmanin est partagée par une grande partie de la classe politique française ; François Bayrou sur la télévision française L.C.I. estime que la France et l'Italie doivent aider à reconduire les immigrés. C'est aussi la position de la présidente de l'assemblée nationale française le 20 septembre 2023 sur BFMTV : " la position du ministre de l'intérieur Darmanin est très cohérente". Aujourd'hui, la ligne politique annoncée par les européens est d'adopter la politique australienne lancée depuis 2013 "Sovereign borders" ou frontières souveraines toujours en place malgré les changements de régime car c'est un programme anti immigration qui a porté des résultats
Avec une capacité d'accueil de 400 migrants, recevoir environ 8.000 migrants en un jour devient impossible pour Lampedusa. Les autorités italiennes insulaires veulent gérer une situation impossible et perdue d'avance. Contraints de lancer des bouts de pain et des bouteilles d'eau à des milliers de personnes qui ont vécu des dizaines de jour sans manger ni boire n'est ni un plaisir, ni un respect des droits humains.
Les autorités africaines doivent prendre le taureau par les cornes pour résoudre cette situation d'humiliation de tous les africains. Même si l'Afrique ne représente que 14% des migrants du monde face aux 41% d'asiatiques, la gestion des africains en Europe fait mal tant la discrimination est ouverte. Si les noirs réguliers dont certains ont une nationalité européenne donc bien intégrés souffrent de racisme, de discrimination, d'isolement social qu’en sera des clandestins qui vivent sous les ponts en Europe, sans droit de travail, sans possibilité d'avoir des aides, au mieux ils peuvent avoir un travail au noir avec une rémunération au bon vouloir d'un employeur véreux.
Cette humiliation, cette maltraitance physique et psychologique, ce manque de considération humaine, le piétinement des droits du noir en Europe doit être le combat quotidien des autorités politiques, des organisations des droits humains, des O.N.G., des panafricanistes, des associations socio- culturelles pour conscientiser nos enfants sur les risques de l'immigration clandestine aussi bien sur la route qu'à l'arrivée. Il ne s'agit point d'en faire un débat politique populiste et utopique pour un intérêt ad personam, mais il s'agit surtout d'une campagne d'information pour faire comprendre aux jeunes africains de la situation actuelle de l'Europe, mais surtout que l'immigration actuelle exige des critères dont la plus importante est d'avoir au moins une formation professionnelle et un niveau d'études acceptable.

Magatte Simal
C.A.D.E.E.S. Italie

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