Fousseynou Cissé, le courage tranquille d’un homme ordinaire honoré par la Ville de Paris:

12 - Juillet - 2025

Le vendredi 4 juillet 2025 restera à jamais gravé dans la mémoire de Fousseynou Samba Cissé. En quelques minutes, ce Sénégalais de 39 ans, agent municipal discret dans le 18e arrondissement, s’est mué en héros. Un mot qui le gêne, lui, mais qui résume bien ce qu’il a fait ce jour-là : sauver six vies d’un immeuble en flammes, au péril de la sienne. Une semaine plus tard, la maire de Paris, Anne Hidalgo, lui remet la médaille Grand Vermeil ,la plus haute distinction de la capitale. Et pourtant, derrière cette reconnaissance publique, Fousseynou reste cet homme simple et pudique, fidèle à ce qu’il est : un travailleur, un père, un être profondément humain.
Il est un peu plus de 17 heures, ce 4 juillet. La journée a été longue, la chaleur lourde. Fousseynou sort du centre municipal où il exerce comme agent , non loin de la station Marx Dormoy. Alors qu’il remonte la rue de la Chapelle, une odeur de fumée l’alerte. Il lève les yeux : des flammes s’échappent d’un appartement du 49. Il entend des cris. Des appels à l’aide. Il ne réfléchit pas.
« Il y avait des enfants à la fenêtre, une femme paniquée… J’ai juste senti que je ne pouvais pas passer mon chemin. »
Sans équipement, sans assurance, il escalade la façade à mains nues, se hisse sur une rambarde, franchit une fenêtre. À l’intérieur : deux nourrissons, deux enfants, deux adultes. Il les fait sortir un par un, dans un ballet d’instinct et de sang-froid. En contrebas, des passants filment. La vidéo fera le tour du pays.
Mais lui, ne regarde pas les images. Ce n’est pas son monde.
Le 11 juillet, dans le décor solennel de la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville, Fousseynou est assis au premier rang, entouré de sa femme, de ses enfants, et de quelques collègues émus. Quand Anne Hidalgo prend la parole, elle dit ce que beaucoup pensent :
« Fousseynou Cissé, vous avez incarné, par votre geste, ce que Paris a de plus beau : la solidarité, le courage, l’humanité. »
Il écoute en silence. La maire lui remet la médaille Grand Vermeil, symbole d’un honneur rare. Lui baisse la tête, remercie calmement. Pas de grandes phrases. Pas de triomphe.
Ses enfants, eux, le regardent comme s’ils découvraient un autre visage de leur père. Un homme que tout le monde applaudit. Et qui, pourtant, reste le même.
Né à Dakar, Fousseynou est arrivé en France il y a une dizaine d’années. Comme beaucoup, il a enchaîné les petits boulots, les contrats précaires. Il travaille aujourd’hui dans les services de la propreté et de l’entretien de la Ville. Rien de spectaculaire, mais un travail qu’il assume avec sérieux.
« Ce que je veux, c’est élever mes enfants dans la dignité. Le reste, ça ne m’a jamais intéressé. »
Son geste a changé le regard que les autres portent sur lui. On l’interpelle dans la rue. On le salue au travail. Il sourit, un peu gêné.
« Avant, j’étais invisible. Aujourd’hui, les gens me disent merci. Ça touche, bien sûr. Mais je n’ai pas fait ça pour ça. »
Ce qu’il espère, maintenant ? Un contrat stable. Un avenir plus clair pour ses enfants. Et du repos.
Le parallèle avec Mamoudou Gassama, le « Spider-Man » malien qui avait sauvé un enfant suspendu à un balcon en 2018, revient souvent. Mais Fousseynou préfère s’en tenir à la réalité.
« On est tous différents. Moi, j’ai juste fait ce que j’aurais aimé qu’on fasse pour ma famille. Ce jour-là, j’étais là, j’ai agi. C’est tout. »
Il ne veut pas être un symbole. Encore moins une figure médiatique. Ce qu’il souhaite, c’est retourner à sa vie, avec un peu plus de sérénité. Il le dit sans amertume, mais avec la lucidité de ceux qui ont beaucoup vu, beaucoup porté.
La Ville de Paris s’est engagée à lui offrir un contrat durable dans les services municipaux. Une juste récompense pour un homme qui, avant cet acte, vivait dans la précarité comme tant d’autres agents du service public.
« Je me sens chez moi ici. Paris m’a permis de grandir, de travailler, de fonder une famille. Aujourd’hui, elle me rend un peu de tout ça. C’est un geste fort. »
Il le dit avec pudeur. Mais son émotion traverse les mots. La reconnaissance n’est pas qu’un honneur, c’est aussi une réparation.
Dans une société souvent pressée, parfois indifférente, l’histoire de Fousseynou Cissé est un rappel. Le rappel que le courage n’a pas toujours de galons, ni d’uniforme. Qu’il vit parfois chez ceux qu’on ne regarde pas. Qu’il s’exprime sans bruit, sans discours, dans un simple choix : celui d’agir.
Et à travers lui, c’est une part de notre humanité que Paris a choisi d’honorer.


Malick Sakho

Commentaires
1 commentaires
Auteur : Posté le : 13/07/2025 à 04h08

Le courage est une domination de la peur, cet homme et son frère doivent être félicités et honorés

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