Diaspora sénégalaise : faillite d'un projet migratoire

01 - Octobre - 2023

Pourquoi quelqu'un quitte volontairement souvent son pays vers une destination qu'il ne maîtrise pas assez ? Pourquoi quelqu'un abandonne sa famille pour s'expatrier volontairement ? Pourquoi quelqu'un prend le risque d'effacer son passé pour un présent hypothétique qui doit déterminer son avenir et celui de sa famille dans une incertitude totale ? Tant de questions confirmées par Claudio Camarca dans le journal " Famille chrétienne " n° 20 du 18 Mai 2003 : " migrant signifie le destin de celui qui commence une nouvelle vie, en effaçant son passé sans pouvoir mettre sur pied un projet d'avenir". Ainsi la migration place l'individu dans une situation d'incertitude plus ou moins temporaire qui s'efface selon le temps de son intégration dans son pays hôte. Mais le jeu en vaut la chandelle. Les raisons qui obligent un individu à émigrer sont nombreuses et diverses, mais la principale et la plus importante est surtout économique. On émigre pour tourner le dos à la pauvreté avec l'objectif principal d'améliorer son niveau de vie et celui de sa famille. Cette immigration moderne et contemporaine trop complexe et trop diversifiée est liée au développement du capitalisme et de la grande industrie moderne ; source de travail donc de revenu. Selon les Nations unies, toute personne qui traverse une frontière internationale et quitte son pays natal temporairement ou durablement et pour quelques raisons que ce soit, peut être considéré comme migrant. Les sénégalais ont quitté leur pays à la recherche de meilleures perspectives socio- économiques dans beaucoup de pays du monde dont l'Italie. Aller travailler en Italie ne signifie pas seulement s’occuper de soi-même, mais aussi envoyer des fonds pour entretenir la famille restée au Sénégal. Selon Richard Hiault dans le journal français " les Echos" du 27 Septembre 2023, les transferts d'argent vers les pays pauvres par les migrants sont plus élevés que l'aide publique au développement de 205 milliards de dollars en 2022 et même ceux des investissements directs étrangers dans les pays en développement de 500 milliards de dollars. Selon la banque mondiale dans le même journal, l'envoi d'argent en 2023 des migrants vers leur pays d'origine se sont élevés à 660 milliards pour 647 milliards en 2022. Selon le rapport 2023 sur l'immigration de la fondation italiane Leone Moressa, le Sénégal figure en tête de liste des 20 premiers pays classés pour les réceptions de fonds de sa diaspora en Italie. Exemple les sénégalais de la province de Bergamo dans la région de Lombardie (Milan) ont envoyé en 2023, 23,80 millions d'Euro dans leur pays.
Cependant derrières ces chiffres qui peuvent induire en erreur plus d'un pensant que tout est rose dans la vie des sénégalais en Italie ; se cache une tout autre réalité socio- économique qui est en train de mettre en grande difficulté la communauté sénégalaise en Italie.
La crise du travail en Italie qui ne cesse de s'endurcir depuis 2008 avec son point culminant en 2020 avec la crise sanitaire de la Covid 19 est entrain de rendre difficile voire impossible la vie des sénégalais dans le marché du travail. Le choix du système italien " mordi e fuggi " en un mot ce système de vie de la fourmi qui consiste à travailler 6 à 7 mois en Italie pour retourner tout consommer au Sénégal durant le reste de l'année a montré ses limites et présente même un danger dans le futur des familles sénégalaises en Italie. Dans le système des retraites par âge en Italie, le travailleur immigré peut prétendre à la retraite à l'âge de 67 ans avec une contribution de 20 ans accomplie. Par simple calcul arithmétique, le sénégalais qui travaille 6 à 7 mois pour faire des vacances de 6 à 5 mois au Sénégal doit obligatoirement travailler au moins 40 ans pour prétendre à 20 ans de cotisation ; cela pour le sénégalais qui a un contrat à durée déterminée. Il faut penser que les premiers immigrés sénégalais avaient choisi le commerce ambulant abusif de sacs contrefaits de femme donc n'ont eu aucune cotisation de retraite. Certains ont commencé à travailler trop tard quand ce commerce illégal ne rapportait plus rien avec des lois d'interdiction plus sévères et l'arrivée des chinois qui ont monopolisé légalement ce commerce. Il faut y ajouter que beaucoup de ces premiers sénégalais ont tripoté leur date de naissance par un jugement ; nombreux sont ces sénégalais qui physiquement ne peuvent plus travailler, n'ont pas 20 ans de cotisation retraite, et en plus il est difficile de trouver un contrat de travail même à durée déterminée à l’âge de 50 ans. Certains sont obligés de retourner au Sénégal et ceux qui sont restés vivent difficilement, parfois avec une vie de S.D.F. profitant des aides sociales italiennes de plus en plus rares avec ce gouvernement d'extrême droite de son excellence Giorgia Meloni. Malheureusement les jeunes générations ont la mentalité de leur père ; certains jeunes sénégalais cherchent un contrat saisonnier surtout dans le secteur du tourisme pour retourner au pays durant les longs mois de l'hivers.

Formation professionnelle et compétences

Plus grave encore pour la seconde et la troisième génération d'immigrés sénégalais, ils continuent à choisir le secteur du travail manuel lourd, dangereux et sale. Aujourd'hui en 2023, trouver un travail bien réénuméré partout en Europe dépend de plusieurs facteurs dont la formation professionnelle et les compétences. Malheureusement les sénégalais ne donnent aucune valeur à la formation professionnelle et aux études. Combien de parents sénégalais ont obligé leurs propres enfants de quitter l'école ou l'université pour les fabriques, les champs ou les enclos d'animaux pour un salaire de misère de 600 à 700 Euro car ils doivent participer financièrement aux multiples dépenses de la vie en Italie. Le cri de cœur de Steve Biko en sud Afrique résonne encore: " la matière grise est plus importante que toutes les matières du sous-sol" Aujourd'hui les jeunes chinois et indiens sont à la conquête des grandes universités pour être présents autour des tables de décisions quand les africains utilisent le verbe, l'oralité, les pancartes, les posts sur Facebook ou Tik Tok pour des dénonciations vides et non argumentées pour la bonne et simple raison que les noirs n'ont même pas appris qu'ils sont des êtres humains.et s'auto victimisent de manière inconsciente. Aujourd'hui les jeunes sénégalais en Italie sans formation professionnelle, sans un niveau d'études acceptable peinent à trouver du travail et vivent l'ennui, le vice et le besoin qu'ils cherchent à satisfaire en se lançant dans la micro-criminalité par le trafic de drogue et finissent pour de longues années derrière les barreaux. Comme le disait le philosophe chinois Lao Tzu: " la meilleure manière de prendre soin de l'avenir est de prendre soin du présent"; les premières générations d'immigrés ont lamentablement échoué et doivent en tirer la leçon pour encadrer et aider leurs enfants à s'intégrer dans la nouvelle société italienne et européenne qui exige formation, éducation, études et comportement républicain pour s'intégrer socialement et économiquement pour ne pas vivre dans la périphérie de la périphérie sociale italienne comme leurs parents.

La dispersion, le désaccord total, les heurts et les conflits sociaux

Au plan social, vivre en Italie n'est pas de tout repos. Il est impossible de donner un pourcentage, mais les conflits de famille entre mari et famille, entre père et fils mais surtout entre co-épouses commencent à être de trop dans la communauté. Les vies de couple et de famille de plus en plus difficiles gangrènent la vie des immigrés sénégalais dans certaines villes italiennes foyers de sénégalais : Bergamo, Brescia, Trévise, Milan, Firenze, Caserta etc.…Grandes sont les souffrances et les dispersions de beaucoup familles sénégalaises ; le regroupement familial est devenu un désastre social pour beaucoup d'immigrés sénégalais en Italie. Les responsabilités sont partagées entre un mari qui exige de sa femme un comportement de femme au foyer et une femme qui veut vivre à l'européenne avec plus d'autonomie jusqu'à léser ses responsabilités de femme. Les problèmes de couple surtout quand on arrive au divorce est un drame pour les enfants mineurs qui sont souvent récupérés par les services sociaux sur ordre du juge des enfants et mis en adoption dans des familles italiennes pour protéger les droits de l'enfant à une vie d'harmonie sociale.
Last but not least, l'entrée de la diaspora sénégalaise en Italie dans les méandres de la politique sénégalaise est la goutte qui a fait déborder le vase. Aujourd'hui la diaspora sénégalaise est entrain de payer un très lourd tribut en entrant dans la politique ; la plus grave conséquence est la dispersion, le désaccord total, les heurts et les conflits sociaux entre les immigrés pour des raisons d'appartenance politique. La diaspora n'a pas compris la force des politiciens pour les manipuler pour faire d'eux un réservoir d'électeurs pour les intérêts de la classe politique sénégalaise. L'engagement politique durant les législatives n'ont absolument rien servi à la diaspora qui n'a vu ni de loin ni de prêt les députés qu'ils ont élus en Italie. Les présidentielles approchent et comme toujours, les immigrés sont taillables et corvéables à merci. Les immigrés sont devenus la chair à canon des politiciens spécialisés des insultes, des inepties et des idioties et des utopies et sont menés par le bout du nez par des politiciens véreux qui les utilisent pour le temps des élections et les jeter en pâture comme ils l'ont fait pour les législatives de 2022.
Malheureusement, il n'y a pas de solutions pour un proche avenir pour les immigrés sénégalais en Italie. La situation de crise économique italienne ne permet plus de régler les problèmes de manque de travail. Les immigrés dans leur altruisme irréfléchi ne veulent rien pour eux-mêmes, ne peuvent même pas activer leurs associations virtuelles pour discuter de la situation sociale et économique de plus en plus dégradante, L'engagement politique massive des immigrés pouvait être une bouée de sauvetage malheureusement, ils ne sont pas assez outillés politiquement et intellectuellement pour faire un bon choix politique. Les immigrés ont épousé la déclaration ironique du français Georges Clémenceau : " je voterai pour le plus bête" alors qu'ils devraient tous faire le choix politique de l'honorable député Mansour Bouna Ndiaye de Louga qui disait : "je vote pour le plus instruit qui servira de modèle à la jeunesse de mon pays"

Magatte Simal
C.A.D.E.E.S. italie

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