Dakar, Sénégal. – Ce qui aurait pu rester un simple incident en marge d’une escale militaire est en train de se transformer en affaire judiciaire suivie de près aussi bien à Dakar qu’à Paris. Plusieurs militaires français, appartenant à la marine française et embarqués sur le patrouilleur Le Vendémiaire, ont été arrêtés à Dakar après une altercation avec des policiers dans une boîte de nuit située non loin du port autonome.
Selon les premiers témoignages recueillis, la soirée a basculé lorsque les marins français, venus se détendre avant leur départ, ont eu une vive altercation avec des agents de police. Les versions divergent : les uns parlent d’une querelle banale qui aurait dégénéré, d’autres évoquent un contrôle mal accepté. Toujours est-il que les militaires ont été interpellés brutalement et conduits au commissariat central du Plateau, avant d’être placés en garde à vue.
Leur mise en cause est lourde : outrage à agent, rébellion, usage de chanvre indien, coups et blessures volontaires. Des chefs d’accusation qualifiés de “fantaisistes” par leurs avocats, qui estiment qu’il s’agit davantage d’un règlement de compte sur fond de climat tendu lié au départ progressif des forces françaises du Sénégal.
Très vite, la marine française a sollicité une défense de haut niveau. Les militaires ont obtenu le concours d’un ténor du barreau de Paris, l’avocat sénégalais Maître Ousseynou Babou, qui s’est entouré de plusieurs confrères réputés : Maître El Hadji Diouf, connu pour ses plaidoiries spectaculaires, Maître Adnane Yahya, Maître Ousseynou Ngom, ainsi que Maître Alioune Badara Ndiaye, également inscrit au barreau de Paris.
Ensemble, ils entendent démonter ce qu’ils considèrent comme un dossier vide, bâti dans la précipitation et sans fondement sérieux. “Nos clients sont des militaires en mission officielle. Rien ne justifie un tel traitement. Nous irons jusqu’au bout pour que la vérité éclate”, a déclaré un proche du collectif d’avocats.
Cette affaire survient dans un contexte particulier. Les relations militaires entre Dakar et Paris traversent une période délicate, marquée par la réorganisation de la présence française en Afrique de l’Ouest. Pour certains observateurs, ce procès pourrait prendre une dimension diplomatique, alors qu’il ne devait rester qu’un banal différend de sortie nocturne.
Pour l’heure, les marins français sont toujours en détention provisoire, dans l’attente d’une première comparution. L’opinion publique suit de près ce dossier qui mêle à la fois justice, politique et diplomatie. Du côté français comme du côté sénégalais, on redoute que l’affaire ne prenne des proportions indésirables si elle n’est pas rapidement réglée.
En attendant, c’est la défense sénégalaise, épaulée par un avocat parisien, qui joue un rôle central pour tenter d’éteindre l’incendie.
Abdou Latif Diop