La deuxième journée de la visite officielle du Président Bassirou Diomaye Faye aux États-Unis a confirmé un tournant décisif pour la diplomatie économique du Sénégal. À Washington, loin des protocoles classiques et des discours convenus, c’est dans le cœur du pouvoir économique américain, à la Chambre de Commerce des États-Unis, que le Chef de l’État a donné le ton d’une nouvelle ère.
Face à une trentaine de décideurs de haut niveau, représentants d’entreprises parmi les plus influentes du pays, le Président sénégalais a présenté une vision claire, résolument tournée vers l’avenir. Son discours, ancré dans la réalité du Sénégal mais ouvert aux dynamiques du monde, a séduit par sa sincérité, sa rigueur et sa modernité. Le Sénégal n’est plus dans une posture attentiste : il tend la main avec confiance et ambition, porté par une vision de partenariat équilibré.
Ce n’est pas seulement l’attractivité naturelle du Sénégal qui a convaincu les investisseurs, mais surtout le discours d’un homme d’État qui assume les réformes, qui veut rompre avec les pratiques opaques, et qui place le secteur privé au cœur de la transformation nationale. L’image d’un Sénégal audacieux, réformateur, prêt à capter les investissements productifs, s’est installée dans les esprits.
Un fait marquant vient confirmer cet engouement : la Chambre de Commerce américaine s’est engagée à publier un guide d’investissement spécifiquement dédié au Sénégal. Une première, qui démontre que le pays n’est plus seulement perçu comme un point sur la carte de l’Afrique, mais comme un futur centre de gravité économique.
À cela s’est ajoutée une rencontre de haut niveau avec le président du conseil d’administration de la DFC, l’agence américaine de financement du développement. Les échanges ont été francs et prometteurs. Il ne s’agissait plus de promesses vagues, mais de poser les bases d’une coopération structurée autour d’investissements ciblés.
Cette séquence diplomatique est bien plus qu’une visite officielle. Elle marque une rupture assumée dans la manière dont le Sénégal se positionne sur la scène économique mondiale. Alors que les grandes puissances réévaluent leurs relations avec l’Afrique, notre pays a choisi de ne pas attendre, de proposer une nouvelle offre, plus mature, plus stratégique, plus souveraine.
Mais cette dynamique ne portera ses fruits que si elle est soutenue par une stratégie nationale cohérente. L’enjeu est désormais d’organiser, d’harmoniser et de prolonger cette impulsion par une diplomatie économique intégrée, où chaque ambassade devient une antenne active de promotion, où les ministères et le secteur privé parlent d’une même voix, et où les résultats sont évalués avec rigueur.
Le Président Faye a ouvert une porte. Il revient maintenant à l’État, aux entrepreneurs, aux experts, aux diplomates, d’y entrer avec détermination. Car cette tournée n’est pas simplement une réussite symbolique : elle peut devenir un levier réel de croissance, d’emplois et de transformation si elle s’inscrit dans une vision nationale partagée.
Washington n’a pas vu un Sénégal en quête d’aide, mais un pays en mouvement, prêt à écrire un nouveau chapitre de son histoire économique. Et ce message-là, porté avec clarté et dignité, pourrait bien changer la manière dont le monde regarde désormais notre pays. C’est mon intime conviction.
Babacar Sané BA
Ambassadeur du Sénégal
Expert en diplomatie économique