Angers, ville historique nichée au cœur des Pays de la Loire, a accueilli ce samedi 10 mai 2025, la dixième édition du Gamou du secteur Grand Ouest de France, un événement spirituel majeur rassemblant les dahiras tidianes de cette vaste région. Situé à l’ouest du territoire français, le Grand Ouest regroupe notamment la Bretagne, les Pays de la Loire, et une partie de la Normandie. Ces terres, longtemps connues pour leur histoire catholique, accueillent aujourd’hui une communauté musulmane sénégalaise de plus en plus organisée, fédérée autour des valeurs soufies de la Tarikha Tidiane.
Comme à l’accoutumée, le Gamou, célébration de la naissance du Prophète Mohamed (paix et salut sur lui), s’est déroulé dans une atmosphère empreinte de ferveur religieuse, d’unité et de spiritualité. Après la récitation du Wazifa pratique collective de l’invocation divine dans la tradition tidiane, l’Imam Dicko, figure bien connue à Rennes et pur produit du dara (école coranique) de Fass Touré au Sénégal, a introduit la première causerie de la soirée.
Le thème de son intervention : « Le comportement du musulman vis-à-vis de son prochain », a résonné avec acuité auprès des fidèles. Rappelant que toute la mission prophétique s’est articulée autour du bon caractère, l’imam Dicko a exhorté l’assistance à puiser dans l’exemplarité du Prophète Mohamed (PSL), modèle intemporel d’éthique et de miséricorde. Imprégné de la sagesse des textes et de la charia, l’imam a su, par un discours limpide et profond, raviver la conscience morale des croyants.
Le secteur Grand Ouest compte aujourd’hui une dizaine de dahiras, ces cercles de fidèles qui perpétuent l’enseignement des grands maîtres soufis, notamment Seydi El Hadji Malick Sy, figure fondatrice de la tidjaniya au Sénégal. L’organisation du Gamou répond à l’une des cinq recommandations laissées par Serigne Babacar Sy, premier khalife général des tidianes : l’attachement indéfectible au dahira, véritable bastion de la formation spirituelle et communautaire.
C’est autour de cette thématique que Serigne Ahmadine Sall, petit-fils de Seydi El Hadji Malick Sy, a tenu sa causerie. Il y a rappelé que le dahira n’est pas un simple cadre associatif, mais un espace sacré où se transmettent la hikma (sagesse), la connaissance religieuse, et la solidarité entre croyants.
Cette édition du Gamou, organisée à Angers, revêt une importance particulière : elle marque la reprise d’un cycle interrompu par la pandémie de COVID-19, et scelle ainsi une décennie d’engagement ininterrompu à l’exception de l’interruption sanitaire des fidèles tidianes du Grand Ouest.
La soirée a été portée par deux maîtres de cérémonie très appréciés : Same Mboup, pour la première partie, et El Hadji Doudou Kende Mbaye pour la seconde, qui ont su maintenir une fluidité et une ferveur dans le déroulé du programme.
Mais le moment le plus émouvant fut sans conteste celui où un homme, venu d’un autre horizon spirituel, a publiquement embrassé l’Islam. Après lui avoir fait prononcer la chahada (profession de foi), Serigne Habib Sy ibn Serigne Mansour Sy Borom Daradji, lui a donné le nom symbolique de Serigne Babacar Sy Mansour, en référence à l’actuel khalife général des tidianes. Peu après, une femme a également choisi de rejoindre la foi musulmane ; elle a reçu le nom de Sokhna Aïda Sy, épouse du khalife général. Ces conversions témoignent du rayonnement spirituel toujours vivace de la tidjaniya, même en dehors de ses terres .
La famille de Seydi El Hadji Malick Sy continue d’assumer avec rigueur la transmission de son legs spirituel. Outre Serigne Habib Sy et Serigne Ahmadine Sall, Serigne Cheikh Omar Sy Djamil était également présent. Ce dernier a délivré un cours magistral sur l’importance de se référer aux écrits des érudits musulmans, en insistant sur la richesse de leur production intellectuelle couvrant tous les domaines du savoir. Il a plaidé pour une meilleure mise en valeur du patrimoine scripturaire des maîtres soufis africains, souvent marginalisé ou méconnu.
Prenant la parole, Serigne Habib Sy, dans un style accessible mais profond, a captivé l’auditoire en revisitant aussi bien les versets du Coran que les écrits de son grand-père Cheikh El Hadji Malick Sy. Il a encouragé les fidèles à s’approprier les valeurs du système tidiane : discipline, service, humilité, et amour du prochain.
L’année prochaine, c’est la ville de Nantes qui aura l’honneur d’abriter cette grande manifestation spirituelle. Une façon de poursuivre le cycle d’itinérance voulu par les organisateurs, afin de rapprocher les dahiras, renforcer les liens communautaires et répandre le message d’amour et de paix propre à la Tarikha Tidiane.
À Angers, ce 10 mai, les cœurs ont vibré à l’unisson, les âmes se sont purifiées et l’espoir d’un Islam de lumière, enraciné dans les valeurs de paix, d’ouverture et de savoir, a été ravivé avec force. À travers les Gamous et les dahiras, la tidjaniya démontre encore une fois sa capacité à structurer la vie religieuse des diasporas, tout en construisant des ponts solides entre spiritualité, culture et citoyenneté.
Sakho Malick
Un moment de convivialité, de partage et de retrouvailles qui a permis aux uns et aux autres de tisser de nouvelles connaissances. Dans ce moment de recueillement oú la foie prend la place sur tout.