Notre Premier ministre poursuit, depuis plus de seize mois, un apprentissage
laborieux des hautes fonctions de l’État, sans que l’on puisse constater la moindre
progression tangible. Obsédé par les rencontres avec les chefs d’État étrangers, il
s’applique à marcher dans les pas du Président de la République, au lieu de se
consacrer pleinement au redressement d’un pays en grande difficulté.
Il ne semble pas mesurer à quel point son comportement affaiblit l’image du
Sénégal à l’extérieur : la sienne, celle de notre diplomatie et celle du Chef de l’État
lui-même. En jouant des coudes sur la scène internationale avec ce dernier, il
écorne, souvent sans s’en rendre compte, la dignité du Sénégal.
À cette méconnaissance des règles protocolaires pourtant élémentaires s’ajoute une
atteinte plus grave encore à notre souveraineté : pour la première fois dans
l’histoire de notre pays, un Premier ministre a publiquement supplié un chef d’État
étranger d’aider le Sénégal en urgence. Or, une telle démarche relève d’une
diplomatie discrète, et ce n’est qu’une fois l’aide obtenue que l’on en remercie le
donateur. La dignité nationale n’est pas un ornement : elle est la clef de voûte de
notre diplomatie et le pilier du souverainisme.
Ibrahima Thiam, Président du parti ACT