Crises, égalité et climat : l’appel de Bordeaux sous le sceau de l’UNESCO

Pendant trois jours, les valeurs fondatrices de l’UNESCO, à savoir l’égalité, la dignité humaine, la paix et le dialogue des cultures, ont été au centre d’une rencontre à la fois grave, profondément humaine et résolument tournée vers l’action collective. Ces journées se sont inscrites dans une dynamique de long terme, nourrie par une plateforme de réflexion et de mobilisation, faisant de l’événement non pas un point final mais l’aboutissement d’un processus engagé depuis plusieurs mois.
Les travaux se sont ouverts le jeudi 11 décembre par une projection cinématographique forte en émotion et en symboles. Le film du grand cinéaste et anthropologue Monsieur Dagross Ouedraogo a profondément marqué le public par la justesse de son regard et la puissance de son propos. À travers les témoignages de dix femmes, l’œuvre donne à voir des parcours traversés par la souffrance, mais surtout par la résilience, la dignité et le courage. En prenant la parole, ces femmes interrogent la place qui leur est faite dans nos sociétés et rappellent leur capacité à transformer l’épreuve en combat pour la reconnaissance et la vie. Cette projection a constitué une entrée en matière saisissante, plaçant dès l’ouverture la question du genre au cœur des réflexions.

Le vendredi 12 décembre, la rencontre s’est poursuivie avec une conférence-débat de haut niveau consacrée au thème « Ensemble, réunis autour des valeurs de l’UNESCO, mobilisons-nous pour l’égalité de genre et l’égale dignité des peuples dans un monde en guerre, en crise économique et climatique ». Dans un contexte international marqué par les conflits armés, les fractures sociales, les bouleversements économiques et l’aggravation du réchauffement climatique, les échanges ont été intenses, francs et engagés. Les intervenants ont souligné l’urgence de défendre l’égalité entre les femmes et les hommes, la dignité humaine et le dialogue entre les peuples, tout en rappelant que les effets du changement climatique affectent de manière disproportionnée les populations les plus vulnérables. L’approche adoptée a permis de montrer que la question du genre constitue un axe central pour penser la justice sociale, la paix durable et la protection des milieux de vie.
Ces journées ont également trouvé un prolongement naturel dans la rencontre de Bordeaux, pensée comme un espace de continuité et d’appropriation collective. Il a été clairement affirmé que l’événement s’inscrivait dans une plateforme de travail plus large et ne pouvait être dissocié d’un processus de réflexion au long cours. Les participants ont ainsi été invités à s’approprier eux-mêmes les résultats des échanges et à contribuer, dans leurs territoires respectifs, à la mise en œuvre des conclusions. Le souhait exprimé est de parvenir, à brève échéance, à l’élaboration d’une feuille de route commune, partagée et opérationnelle.
Le samedi, dernier jour de l’événement, a débuté par une assemblée générale de la fédération. Ce temps institutionnel a permis de faire le point sur les actions menées, d’évaluer les orientations prises et d’esquisser les perspectives à venir. Il a également renforcé la cohésion interne du réseau et rappelé l’importance du travail collectif dans la réalisation des objectifs portés par les clubs UNESCO.
Dans l’après-midi, les échanges se sont poursuivis autour de tables rondes consacrées au thème « Agissons ensemble pour un monde pacifique dans un environnement sain et durable ». Les débats ont mis en évidence le lien indissociable entre paix, justice sociale et protection de l’environnement. Les participants ont appelé à une mobilisation conjointe des citoyens, des associations et des institutions afin de répondre de manière globale et solidaire aux défis contemporains.
La dimension culturelle et intellectuelle de ces journées a été enrichie par une cérémonie de dédicace de plusieurs ouvrages. Le public a notamment découvert la brochure « S’engager dans le réseau des clubs UNESCO avec la Fédération française », écrite par Marie-Claude Angot, qui constitue un outil de référence pour comprendre et rejoindre cette dynamique citoyenne. Ont également été présentés « L’Arbre à palabres », avec la coautrice Fatoumata Warou, ainsi que « Voyage au cœur des sens » de l’autrice Cristelle Kasprzak, des œuvres qui invitent au dialogue, à l’écoute et à l’ouverture à l’autre.
La clôture de ces journées s’est faite dans une atmosphère festive et chaleureuse à travers un grand gala interculturel qui a rassemblé un public nombreux. Ce moment de partage a permis un véritable voyage à travers les cultures, les musiques et les expressions artistiques du monde, illustrant avec émotion la richesse de la diversité culturelle et le vivre-ensemble prôné par l’UNESCO.
Un temps fort a également été marqué par la tenue d’une réunion entre Monsieur Ardiouma Sirima et les chefs de délégation présents. De cette concertation est née la Déclaration de Bordeaux, portée au nom des treize délégations ayant pris part à l’événement. Cette déclaration engage collectivement les participants à poursuivre la dynamique enclenchée, à renforcer la coopération entre les acteurs et à traduire les valeurs de l’UNESCO en actions concrètes.
Tout au long de ces journées, la Fédération française des clubs pour l’UNESCO a occupé une place centrale. Porteuse des valeurs de paix, d’éducation, de dialogue interculturel et de citoyenneté mondiale, elle s’affirme comme un acteur majeur de la société civile engagée, capable de fédérer les énergies et de proposer des réponses collectives face aux crises contemporaines.
Dans la continuité de cette mobilisation, rendez-vous est désormais donné aux États, sous l’invitation de Monsieur Djoken, président de la Fédération des clubs UNESCO aux États-Unis. Deux échéances majeures ont été annoncées, le 24 janvier 2026 et le 16 octobre 2026, pour poursuivre à l’échelle internationale ce travail commun en faveur de l’égalité, de la dignité des peuples et d’un monde plus pacifique et durable.

Malick Sakho (Envoyé spécial)